Titre : Et le Désert disparaitra
Auteur : Marie Pavlenko
Editeur : Editions Flammarion
Nombre de Pages : 226
Date de Parution : 8 janvier 2020
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Après avoir adoré la plume de Marie Pavlenko tant dans ses romains contemporains, que fantastiques ou fantaisy, j'avais hâte de la découvrir dans Et le désert disparaitra, s'essayant à la science-fiction dystopique. Dans un avenir plus ou moins lointain, la Terre est devenue un immense désert. Hormis quelques grandes cités, les hommes sont redevenus nomades, se déplaçant à la recherche de nourriture mais surtout d'arbres, espèces devenues si rares qu'ils sont traqués avant d'être débités et vendus aux plus riches. Samaa a 12 ans et rêve de devenir chasseuse comme les hommes de son clan, mais les jeunes filles sont cantonnées aux tâches domestiques : s'occuper des enfants, gérer les repas, l'entretien des tentes. Pourtant, Samaa veut partir à l'aventure et pister les arbres, vivre le bonheur des hommes quand ils débusquent un nouvel arbre et revenir dans le clan, auréolée du sentiment d'avoir aidé le groupe à survivre pour quelques nouvelles semaines. Alors un matin, elle décide de suivre secrètement les hommes malgré le danger. Mais l'aventure ne se déroule pas comme prévue et Samaa tombe au fond d'une crevasse, auprès d'un arbre gigantesque, mais dans l'impossibilité de sortir de ce trou. Commence alors pour elle une nouvelle aventure, en tête à tête avec l'un des derniers représentants de l'espèce végétale. Et le désert disparaitra est un roman surprenant tant le style est différent de ce que j'ai pu lire précédemment de l'autrice. Conte initiatique moderne, il en emprunte les codes et le rythme. L'important n'est pas tant de savoir comment l'homme en est arrivé là que de comprendre que l'humanité est dans une impasse, répétant sans cesse les mêmes erreurs. Samaa ne fait pas exception à la règle, se moquant des croyances farfelues d'une vieille femme de son clan qui prétend que les arbres sont précieux et doivent être protégés. C'est quand son lui fait croiser un arbre que sa véritable histoire va commencer à la façon d'une seconde naissance. Vous vous imaginez bien qu'un roman dont l'action se centre en grande partie sur une relation entre un arbre et une fillette ne va pas déborder d'action et effectivement, l'autrice met en avant le dialogue intérieur qui se joue entre Samaa et cet arbre, provoquant le bouleversement de ses croyances, comprenant que ce végétal n'est pas simplement une source financière mais une voie de secours pour l'homme qui se fourvoie depuis des décennies. Malgré ce choix audacieux, le lecteur est traversé de nombreuses émotions à la lecture de ce roman : de la tristesse, de la colère, de la révolte (beaucoup) mais aussi de l'espoir (un peu). Le roman explore ce que les générations futures seront peut-être amenées à vivre si on continue à se détacher de notre lien avec la nature en oubliant que notre survie ne tient qu'aux relations étroites et respectueuses qui nous lient. Pour accompagner le message de ce roman, les éditions Flammarion ont fait le choix de proposer un roman imprimé d'une encre végétale et sans pellicule plastifiée pour recouvrir la couverture et je trouve cette démarche très chouette, surtout que cela n'enlève rien à la qualité de l'objet livre. |
Et le désert disparaitra est une fable écologique inclassable, qui s'avère aussi poétique qu'alarmante, nous rappelant que l'humanité emprunte un chemin qui va nous conduire à la catastrophe si l'on n'y change rien. Roman introspectif et parfois contemplatif, il parvient à nous transmettre des émotions malgré le cadre audacieux de cette histoire. Il est aussi l'occasion de nous montrer que Marie Pavlenko est une autrice vraiment touche à tout, capable de nous embarquer, quoi qu'elle écrive. |