Auteur : Aurélie Wellenstein
Éditeur : Editions Scrineo
Nombre de Pages : 368
Date de Parution : 14 mars 2019
Hashtag PLIB : #ISBN9782367406602
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Mers mortes est le troisième roman que je lis d'Aurélie Wellenstein, mais déjà le 10ème à son actif. Le Dieu Oiseau a été un énorme coup de cœur et j'étais très curieuse de découvrir ce récit post apocalyptique. Comme pour nombre de ses précédents titres, la couverture est signée Aurélien Police et est juste sublime, en plus de parfaitement coller à l'ambiance de ce récit. Dans ce roman, nous découvrons notre planète dépouillée de ses mers et océans, sous l'action et l'inconscience de l'homme. La Terre est devenue désertique, la plupart des espèces animales se sont vu disparaitre et l'espèce humaine est à son tour en voie d'extinction. Quelques poches d'humains résistent encore de ci, de là, dans un quotidien des plus précaires et misérable. Si cette catastrophe climatique était le seul mal qui ravageait la planète, l'homme aurait peut-être encore une chance de s'en sortir. Seulement, si les océans se sont retirés, ils ont laissé derrière eux une empreinte immatérielle qui charrie les fantômes de toutes les créatures aquatiques désormais disparues. De manière cyclique, ces marées ésotériques montent et recouvrent les terres, amenant avec elles les âmes des poisons, baleines, requins, dauphins…, tous ces animaux qui sont morts sous la main cruelle de l'homme et qui dorénavant partagent en une mémoire collective les atrocités qu'ils ont subies et leur haine de l'espèce humaine. Sans pitié, ils laissent libre court à leur rage et leur haine en tuant jusqu'au dernier des hommes. Le seul rempart face à ces fantômes sont les exorcistes, des hommes ou des femmes qui ont la capacité d'interagir avec ce monde parallèle, triste reflet de l'ancien monde sous-marin. Eux seuls ont la possibilité de tuer ces fantômes ou de construire des boucliers de protection, à la seule force de leur esprit. Oural est l'un de ces rares exorcistes. A 20 ans passés, il a connu la fin des océans mais a toujours été protégé des guerres qui ont ravagé la Terre par la suite, abrité au sein d'un petit bastion dans le sud de la France. Sa vie est désormais rythmée par les marées et la protection qu'il doit assurer aux siens. La responsabilité qui pèse sur ses épaules est lourde mais son statut d'exorciste lui assure une place respectée et une vie presque privilégiée au regard du reste de l'humanité. Cette vie bien rodée est balayée quand un vaisseau fantôme profite d'une marée pour assaillir le bastion et kidnapper le jeune homme. Le navire est dirigé par le Capitaine Bengale à la tête d'une dizaine de pirates, un homme violent qui convoite l'exorciste. La rencontre entre Oural et Bengale est brutale, sans pitié. En quelques pages, la tension monte rapidement. Quand on a l'habitude des récits d'Aurélie Wellenstein, on sait qu'elle peut faire vivre le pire des enfers à ses personnages et on craint qu'Oural n'échappe pas à la règle. Si souvent on sait que le personnage principal ne "craint rien" puisque, par définition, il porte l'intrigue, l'autrice nous ôte vite nos certitudes et nous fait trembler pour lui. La quatrième de couverture en dit relativement peu et c'est une bonne chose : on se lance dans cette histoire, la tête pleine de questions : qu'est-il arrivé au monde pour se retrouver ainsi, que sont les exorcistes, un espoir est-il possible ? Ces questions nous accompagnent durant toute notre lecture et nous font tourner les pages pour obtenir des réponses. Les projets du capitaine entrainent Oural loin de chez lui et de sa relative sécurité, l'obligeant à découvrir avec le lecteur dans son sillage, ce qu'il reste de la planète. Le retour perpétuel des marées fantômes rythme le roman, apportant son lot d'horreurs et on ne peut qu'admirer l'ingéniosité d'Aurélie Wallenstein pour renouveler les tourments de ses personnages à chaque nouvelle attaque de cette mer métaphysique. Cette épopée est portée par la relation singulière entre Oural et Bengale, ce capitaine aussi charismatique que violent. Comme Oural, on ne sait pas si on aime ou si on déteste ce personnage qui exerce une fascination indéniable, l'autrice brouillant habilement les lignes. Le roman est ponctué de souvenirs d'animaux et de la façon dont ils ont été massacrés. Certaines scènes sont vraiment éprouvantes mais tristement, ne sont que le reflet de pratiques barbares qui ont toujours lieu à l'heure actuelle. On en vient à partager cette rage animale face à la bêtise humaine et on s'interroge avec Oural à savoir si l'humanité mérite d'être sauvée. D'autant que les survivants se montrent souvent sous leur visage le plus vil, l'absence de société laissant libre court à la violence, la torture, le viol… attestant encore une fois, que les monstres ne sont finalement pas toujours ceux que l'on croit… Mers mortes est un roman écologique très engagé qui, sous couvert d'un récit post apocalyptique, est un véritable plaidoyer pour la protection animale. Cette quête et ces personnages nés de la plume incisive de l'autrice, nous laissent une forte impression. Le style d'Aurélie Wellenstein nous tourmente et nous pousse dans nos retranchements : tout comme ces marées, il nous secoue, nous brasse et laisse une empreinte forte au terme de notre lecture. Encore une fois, l'autrice a tapé fort et nous offre un récit qui marque les esprits. |
... Lecture Parfaite ...
pour leur confiance