Dans cette histoire de fantasy, nous découvrons le royaume d'Orkena régi par une tradition séculaire pour déterminer son prochain monarque : la Traversée. Tous les enfants du roi doivent constituer une équipe avant de traverser le désert. Le premier à atteindre les grottes de verre de l'autre côté, devra sacrifier un élu désigné par les Dieux pour officialiser son couronnement. Durant cette traversée, presque tous les coups sont permis, exacerbant les rivalités qui pouvaient déjà exister entre les héritiers.

Zahru a toujours rêvé d'aventure, de voir un monde au-delà des écuries où elle travaille avec son père. Malheureusement, elle ne dispose que d'une magie mineure qui ne lui permet même pas d'assister au banquet royal comme tous les jeunes de son âge. Usant d'un stratagème pour s'y rendre malgré tout, elle va se retrouver accidentellement inscrite parmi les candidats, attirant bien malgré elle l'attention des héritiers.

Peut-être serez-vous comme moi à la lecture de ce résumé à vous dire qu'il y a un petit air de déjà vu à cette histoire. Et bien détrompez-vous! Certes, les bases sont assez classiques pour le genre mais l'autrice a vraiment su tirer son épingle du jeu, déjà par le système de magie où plus votre magie est puissante, et plus celle-ci abrègera votre durée de vie. Ensuite, par le choix du tempérament de l'héroïne. Zahru n'a pas une magie puissante et ce n'est pas une héroïne badass comme on en voit souvent en YA. Aucun retournement de situation qui donnerait une suite facile à cette aventure. Mais Zahru a du cœur, même si sa motivation première reste de sauver sa peau et de retrouver son père qui a besoin d'elle. Et c'est justement sa capacité à écouter, sa générosité, qui va faire la différence dans cette histoire, nous faisant découvrir les héritiers tour à tour, au-delà de ce qu'il donne à voir. Il est question de devoir, de motivation à gouverner et de relations filiales. Les personnages que l'on voyait assez caricaturaux se complexifient au fil de l'histoire et gagnent en authenticité, nous les rendant humains même si leurs choix ne remportent pas forcément notre adhésion.

L'écriture est très agréable et on dévore cette aventure aux nombreuses péripéties. L'immersion est complète : on sent le sable, la poussière, la chaleur ardente.

Si vous recherchez une histoire de fantasy accessible, où la gentillesse est une qualité aussi valorisée que d'autres valeurs, n'hésitez pas à découvrir le premier tome de cette duologie.

"Peu importe ce que tu choisis, il n'y a pas de bonne réponse : tu ne peux pas gagner sans perdre."

Dans ce troisième et dernier tome, nous retrouvons notre jeune passeuse d'âmes au cœur d'une nouvelle ville et de nouvelles aventures. Après avoir visité les Castles d'Édimbourg, les catacombes à Paris, Cassidy prend la direction de la Nouvelle Orléans, ville réputée pour sa magie cajou et son sombre passé. Dans cette ville où la magie réelle côtoie les spectacles pour touristes, Cassidy ne sait plus où donner de la tête mais compte bien en profiter. Seulement, ses agissements des dernières semaines ont fini par attirer l'attention d'un serviteur de la Mort qui n'a qu'une mission : rétablir l'ordre des choses et ramener ceux qui ont échappé à leur destin à ce qu'il aurait dû être...

Comme dans les précédents tomes, nous retrouvons un savant mélange entre faits historiques réels mâtinés de légendes locales, et enquête. Ici, l'enjeu est énorme puisque Cassidy traine dans son sillage une créature mortelle qui semble inarrêtable. Bien qu'il s'agisse d'un récit jeunesse, l'autrice n'est pas tendre avec ses lecteurs et ses personnages, laissant planner un sentiment funeste sur cette histoire. Il devient difficile au fil de page de voir comment tout cela peut bien finir et si nos protagonistes vont tous s'en sortir, nous faisant dévorer les pages avec pas mal d'émotion.

En plus de cette atmosphère si particulière à la Nouvelle Orléans, les personnages sont probablement la meilleure partie de ce roman. Cassidy reste une protagoniste vraiment sympathique, qui cherche à faire au mieux avec toutes les missions qui sont désormais les siennes et dont elle doit presque tout découvrir par elle-même. Heureusement, Jacob, son ami fantôme, est toujours là pour elle, quoi qu'il arrive. Nous retrouvons aussi le personnage de Lara dont nous avions fait la connaissance à Edimbourg, et qui apporte une bonne dose de pragmatisme là où Cassidy fait plus confiance à ses émotions.

Avec la conclusion de cette histoire, nous obtenons les questions qui nous tiennent en haleine depuis les premières pages, à savoir le devenir de cette amitié impossible entre Cassidy et Jacob, amitié que beaucoup qualifie d'impossible voire de dangereuse.
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Une conclusion à la hauteur du reste de la série qui parvient à mêler habilement des aspects fantastiques autour du sujet délicat de la mort et belles amitiés. Une saga jeunesse que je ne peux que vous recommander !

Chaussez vos lunettes vertes que je vous emmène dans La Cité d'Emeraude !

J'ai vu quand j'étais toute petite Le Magicien d'Oz (la première version avec Judy Garland) et j'en garde un souvenir incroyable. Alors quand j'ai découvert la superbe édition de Minalima, j'ai eu envie de lire cette histoire (qui a déjà plus d'un siècle ) et me replonger avec nostalgie sur le chemin de briques jaunes du Pays d'Oz.

Dorothée vit avec son oncle et sa tante dans une petite ferme perdue dans les champs, au Kansas. Mais un jour, une tornade emporte la maison, la fillette et son chien Toto à l'intérieur, avant de finir par les redéposer dans un endroit incroyable. En sortant de sa maison, Dorothée est fêtée comme une héroïne par le peuple qui vit là, les Muntchkinz, car en atterrissant, elle a terrassé l'effroyable Sorcière de l'Est. Mais Dorothée tient à rentrer chez elle et la seule solution est qu'elle gagne la Cité d'Emeraude où habite le mystérieux Magicien d'Oz, le seul capable de la renvoyer auprès de son oncle et sa tante.

Nous voici lancés sur les routes d'Oz où on ne tarde pas à faire connaissance avec l'épouvantail qui se cherche de l'intelligence, le bûcheron de fer blanc en manque de coeur et le majestueux lion en quête de courage.

Les péripéties s'enchaînent et on s'émerveille de la beauté des illustrations et des animations qu'ont créées le talentueux duo d'illustrateurs.

Le texte intégral n'a pas perdu de son charme malgré les années et ce conte est un vrai plaisir à redécouvrir dans cette magnifique édition. Les animations sont ingénieuses, recherchées et de toute beauté. 

​Un cadeau à faire ou à se faire 

Cela faisait un moment que j'avais repéré ce titre jeunesse (et sa sublime couverture) et j'étais toute joie quand j'ai vu que les éditions Fleurus le traduisaient.

Dans cette histoire, nous suivons Violet au moment où elle s'installe avec sa famille à Perfect City. Comme son nom l'indique si bien, tout est parfait dans la ville : les enfants sont polis et ne chahutent pas, les femmes ne vivent que pour leur club de lecture et de pâtisserie et les hommes sont bien distingués. Le seul défaut est qu'une singularité climatique donne des troubles visuels à tout le monde. Heureusement, les lunettiers Archer sauvent toute la ville grâce à leurs lunettes. Ils ont toutefois fait appel au père de Violet, célèbre ophtalmologue, pour trouver une solution pérenne à ce problème. Seulement, Violet ne tarde pas à être mal à l'aise face à ces comportements trop parfaits. Et quand ses parents eux-mêmes commencent à changer, Violet décide d'enquêter.

Bienvenue à Perfect city est un roman jeunesse rythmé et agréable. L'action et les péripéties sont au rendez-vous, dans un univers qui, sous ses aspects très gentillet, donne froid dans le dos. Le roman est imaginatif et les "méchants" de l'histoire sont glaçants.

Ce roman est une initiation à la dystopie avec cette tentation de la société totalitaire "parfaite" et de la dissidence qu'incarnent ceux qui ne rentrent pas dans le moule, ceux qui ont trop d'imagination pour se contenter de ce qu'on leur donne à voir.

L'autrice met justement l'accent sur l'importance de l'imagination, de cette force qu'elle donne aux enfants et aux adultes qui ont su la conserver quand la société essaie de la formater.

En tant qu'adulte, on devine pas mal de choses mais cela ne gâche pas le plaisir. Il m'a juste manqué un peu plus d'émotion pour en faire une excellente lecture (j'adore quand les auteurs parviennent à trouver le délicat équilibre entre action et expression des sentiments/émotions). Il s'agit du T1 d'une trilogie mais cette histoire peut se suffire à elle-même. Mais je lirai la suite avec plaisir !