LE CIRQUE INTERDIT
Auteur : Célia Flaux
Éditeur : Éditions Scrineo
Nombre de Pages : 256
Date de Parution : 21 février 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Le Cirque interdit, l’un des derniers romans parus aux éditions Scrineo, nous entraine dans les coulisses du dernier cirque de France. La France est gouvernée par le Parti Zéro Risque dont les convictions politiques prônent une société ultra sécuritaire. L’application de ce principe est gérée par l’Assurance, qui comme son nom l’indique, est la plus grande compagnie de protection à couvrir l’ensemble des risques qu’un individu peut encourir, tant sur le plan de la santé que de ses biens. L’Assurance se positionne comme un garde-fou contre certains dangers en proposant à ses bénéficiaires tout une série de "soins", payants évidemment, dès que le moindre marqueur biologique ou comportemental témoigne d’une forme de risque. La protection peut toutefois vite tomber dans la coercition et la sanction si les comportements inadaptés persistent. La personne récalcitrante est alors envoyée en centre de redressement afin de faire disparaitre le comportement jugé inadapté. Ces centres ont fait de la torture psychologique le principe de leur traitement pour remettre un individu sur le droit chemin. Et oui ! Dans cette France des Années Sécuritaires, le bien de tous est à ce prix. L’Assurance est le seul organisme à couvrir les risques et impose peu à peu des conditions de vie de plus en plus drastiques, encadrant puis interdisant les comportements jugés dangereux. Il est bien évident que les arts du cirque sont des attitudes on ne peut plus indésirables et dangereuses au regard des valeurs de cette société. Les cirques ont disparu un à un, croulant sous le poids du montant des prime nécessaires à assurer leurs activités. Pour éviter de disparaitre à son tour, le Cirque Vazatta a contourné le problème en créant sa propre assurance. Elle est le seul concurrent de l’Assurance et, bien qu’étant de petite taille, elle est perçue comme aussi gênante qu’un caillou dans une chaussure. Alors quand Maria, une jeune pupille de l’état, stagiaire à l’Assurance, souhaite en apprendre plus sur ses parents qui ont vécu au cirque, l’Assurance y voit un excellent moyen d’espionner et de mettre à terre son concurrent. La jeune fille va se retrouver plongée dans l’inconnu et rapidement au cœur de manigances dont elle aura le plus grand mal à se sortir. Le lecteur découvre Maria, une jeune fille timide et introvertie, blessée par la vie. Elle intègre le Cirque Vazatta dans le but de se venger de ceux qu’elle estime responsables du malheur qui a marqué sa vie. La vie du cirque va s’avérer un véritable défi pour elle qui est très conventionnelle. Au-delà de l’extravagance de cette vie, elle va toutefois découvrir que le cirque est plus qu’une entreprise et que tous ses acteurs font partie d’une grande famille. Son chemin est sans cesse mêlé à celui de Matthieu, l’un des trapézistes. Le jeune homme est son anti thèse : il aime être en lumière et attirer les regards. Il est fait pour la scène et rêve de plus grand que le petit cirque familial mais se retrouve englué dans son envie de prendre son envol tout en ayant le sentiment de fragiliser le cirque en l’abandonnant. Les chapitres sont courts et alternent entre les points de vue de Maria et celui de Matthieu, le petit fils du Directeur du cirque. Le tout est agrémenté de coupures de presses, de rapports, sms, et autres documents… Ce procédé est toujours appréciable car il dynamise la lecture tout en apportant de nouveaux points de vue, sans alourdir le texte avec de nouveaux personnages. Le rythme du récit est assez lent mais le roman se lit très vite grâce à la fluidité de la plume de l’autrice. Le récit est court (environ 250 pages) ce qui devrait plaire à ceux qui sont effrayés par les pavés. Cela s’avère toutefois un frein pour planter un cadre solide et y déployer son intrigue. La brièveté du roman a nécessité que l’autrice fasse des choix et oblige à quelques raccourcis. Si le roman conserve toute sa cohérence, mon esprit cartésien n’a, quant à lui, pas été contenté et il m’en aurait fallu plus pour que je parvienne à m’immerger réellement dans cet univers. Il est toujours compliqué quand on a des attentes de s’y retrouver quand finalement le roman prend une autre voie. Je m’attendais à un aspect dystopique plus présent et je ne pensais pas que la vie du cirque prendrait tant de place. Le Cirque interdit s’est révélé être un récit à la croisée de plusieurs genres : un contexte dystopique dont ne saura finalement que peu de chose, mais qui est très clairement assez effrayant. C’est également un roman d’investigation où l’on suit notre héroïne, Maria, qui tente de comprendre les circonstances de la mort de ses parents. Enfin, le Cirque interdit prend également la forme d’un roman d’apprentissage autour des personnages de Maria et de Matthieu. Le projet de l’autrice est donc très ambitieux et si les trois aspects sont bien gérés, aucun n'est toutefois complètement abouti à mon sens. Comme toute dystopie, Célia Flaux invite le lecteur à envisager les dérives d’une société trop protectionniste, ainsi qu’aux compromis que l’on est prêt à faire sur sa liberté. L’autrice semble porter beaucoup d’affection pour le milieu du spectacle et la vie du cirque est très documentée. Le Cirque est l’un des derniers lieux où la créativité a encore sa place, le symbole de la résistance, de l’envie de vivre pleinement sa vie. L’autrice défend subtilement l’idée que l’art, au-delà de son aspect esthétique, a pour but de secouer la société voire d’aller à contre-courant pour maintenir une ouverture de pensée. Le Cirque interdit est un roman qui m'aura surprise car je m'étais préparée à certains éléments au vu de la quatrième de couverture. Finalement, le roman s'est révélé plus qu'une dystopie. Si celle-ci est peu développée, le prisme du cirque apporte une note certaine d'originalité. Donc si les trapézistes, jongleurs et autres magiciens vous mettent des étoiles dans les yeux, n'hésitez pas découvrir ce titre. |
... Bonne Lecture ...
pour leur confiance
et remercie Célia Flaux
pour sa dédicace.