ROIS DE CENDRES
Auteur : K. Ancrum
Éditeur : Éditions Milan
Nombre de Pages : 336
Date de Parution : 20 février 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Pour ceux qui me suivent depuis un moment, vous savez que je lis peu de roman contemporain. Quand cela m’arrive, c’est que l’auteur ou le sujet m’ont interpelée et éveillé ma curiosité. Concernant Rois de Cendres, la beauté de cette couverture ne pouvait me laisser indifférente (surtout qu’elle prend sens au regard de l’histoire). Toutefois, si je suis sensible à l’esthétique d’un livre, je n’ai décidé de sauter le pas qu’en lisant le synopsis qui évoque le récit d’une amitié qui mène aux portes de la folie. Travaillant dans le soin, ce sont des sujets qui m’attirent : j’aime les histoires complexes qui me remuent, me touchent, et je pressentais que ce roman pouvait être de cette envergure. August et Jack sont amis depuis l’enfance. Ce qui les a réunis au-delà d’une vague amitié entre leurs mères, c’est malheureusement d’avoir grandi complètement livrés à eux-mêmes. Devant l’absence de présence parentale, de cadre et d’attention, les deux garçons se sont raccrochés l’un à l’autre comme l’on s’accroche à une bouée. A 17 ans, cette amitié est d’une telle puissance qu’August est prêt à tout pour Jack. Alors quand celui-ci commence à voir un monde qui n’existe pas, August n’hésite pas à plonger dans cette folie éveillée pour traverser les épreuves avec lui. Quitte à sombrer à deux… Cela faisait longtemps qu’une lecture n’avait pas été aussi intense ! Rois de Cendres est à la fois un roman d’une forte puissance mais également une expérience de lecture assez unique grâce à la forme du roman. Conçu comme un assemblage de notes d’August, l’histoire se dessine à travers la succession d’évènements quotidiens narrés en quelques lignes ou quelques pages. Le tout est enrichi de photos, de dessins, de rapports… qui concrétisent les faits retranscrits par le jeune homme. Pour parfaire l’immersion dans ce roman, l’aspect même du roman se modifie au cours de la lecture : au fur et à mesure de cette plongée en eaux troubles, les pages du roman se couvrent progressivement de noir, témoin de ce passage d’une amitié absolue à la folie. L’écriture ciselée de l’autrice et ce choix si particulier de structuration de son récit renforce la puissance de ce roman, nous embarquant dans un torrent émotionnel. L’amitié d’August et Jack est fascinante car absolue, totale. Elle est à la fois magnifique mais également dangereuse et d’une telle intensité qu’elle ne peut souffrir la comparaison avec ce monde qui ne cesse de les décevoir. Celui-ci devient si angoissant que le royaume qui apparait sous les yeux de Jack devient rapidement le centre de leur monde et le refuge de leur Absolu. En tant que lecteur, on est vite fasciné par ce récit qui se comprend à la fois dans ce qui est dit mais aussi ce qui est tu. Les pages s’enchainent et le pressentiment qu’un drame est en train de se jouer s’impose peu à peu. Les notes ajoutées par l’autrice en fin de roman finissent de nous bousculer, véritable cri du cœur pour les lecteurs touchés par la maladie mentale et par l’abandon de certains adultes. C’est la première fois que je vois un auteur interpeller directement son lecteur pour l’enjoindre à parler, chercher de l’aide tout en pointant les défaillances des adultes qui ne veulent pas voir et qui auraient dû être présents et protéger. Ce roman a été une claque monumentale et l’histoire d’August et Jack m’a accompagnée des jours durant, bien après avoir terminé cette lecture. Il y aurait encore beaucoup à dire sur Rois de Cendres mais les mots, à un moment, ne sont plus suffisants pour décrire ce que véhicule ce roman et les émotions qu’il fait naitre. N’ayez pas peur de cette plongée dans la folie et foncez découvrir cette pépite. |
... Coup de Cœur ...
Je remercie les Éditions Milan
pour leur confiance