Je ne suis que rarement attirée par les revisites de conte mais quand c'est fait avec talent et une délicatesse d'écriture INCROYABLE, vous pouvez être sûre que je vais être conquise. Et quand,  cerise sur le gâteau, il s'agit d'une revisite que l'on voit rarement, celle de La princesse au petit pois en l'occurrence, je suis en joie.

Margaret, Maria et May, trois sœurs de la noblesse anglaise sont en âge de se marier. Et quoi de mieux que d’embrasser une vie fortunée en réalisant un somptueux mariage ? Un joli destin en perspective, peu importe la réputation du futur mari face à une fortune assurée. Même si pour cela, il faut se plier aux exigences extravagantes de ce dit mari.

Lord Handerson, un richissime héritier que l’on pensait à Londres depuis la disparition tragique de sa famille, vient de lancer une vaste campagne pour trouver l’élue qui pourra l’épouser. Pour déterminer la personne qui lui conviendra, ses prétendantes devront se soumettre aux excentricités du jeune noble, avec pour commencer, l’obligation de passer une nuit sur le domaine, dans une chambre où s’empile une dizaine de matelas, sans chaperon, comble de l’audace ! Faisant fi des convenances, les 3 jeunes filles, mais aussi leur femme de chambre, Sadima, vont se prêter au défi, sans savoir dans quoi elles s’engagent…
 
Flore Vesco a un talent indéniable pour nous plonger dans une histoire que l’on pensait connaitre et en faire un récit fantastique, plein de sensualité et de messages doucement séditieux. L’écriture est savoureuse, drôle et caustique, égratignant avec élégance les messages patriarcaux transmis par les contes traditionnels.
La balance entre atmosphère et développement de l’histoire est parfaitement dosée, nous offrant un texte plein de belles trouvailles et d’une ingéniosité pleine de malice.
 
Une histoire parfaite à lire et faire lire !

Voilà un roman que j’ai débuté avec beaucoup d’appréhension tant en raison de sa taille que du nombre de retours très divisés que j’ai pu lire.

Dans ce roman, on suit l’histoire de Nayla, une jeune fille à peine sortie de l’enfance, qui découvre que son sang et son impossibilité à enfanter la destinent à rejoindre la confrérie des Corbeaux, une caste de femmes destinées à conseiller le roi et participer à la vie diplomatique du royaume. Le destin de Nayla est encore plus particulier car la reine des Corbeaux décide de faire d’elle son héritière. De son apprentissage jusqu’à son entrée dans les jeux de pouvoirs, ce roman est à la fois l’histoire d’une femme mais surtout d’un pays, une fresque exceptionnelle qui court sur des dizaines d’années.

Alors certains pourraient trouver le temps long avec une intrigue qui s’étire sur autant de temps mais de mon côté, je me suis totalement attachée aux personnages. J’ai aimé suivre Nayla, la voir appréhender son destin avec force, intelligence et abnégation. C’est un monde dur que nous dépeint l’autrice avec des traditions obscures qui ne demandent qu’à être changées et on voit l’héroïne se débattre entre les missions qu’on lui confie et le poids des décisions qui vont concerner tout un royaume. Les personnages qui l’entourent sont aussi bien travaillés et sont loin des stéréotypes manichéens que l’on peut parfois lire.

J’ai adoré la relation qui se noue avec son garde du corps officiel, une profonde amitié construite dans la souffrance et dans le partage de choix et d’évènements difficiles. J’ai eu beaucoup d’émotion en tournant les dernières pages, en découvrant la vie qu’ils ont menés et en devant leur dire aurevoir. J’avoue avoir été complétement bluffée par la maitrise d’Emily Norsken, sachant qu’il s’agit de son premier roman.

Les deux seuls reproches que j’ai concernant ce roman tiennent au fait que l’autrice a fait quelques ellipses temporelles qui ne m’ont pas semblées judicieuses, coupant le rythme et me donnant un sentiment de confusion. La seconde chose est que l’on évoque en permanence le savoir diplomatique des Corbeaux et j’aurai bien aimé assister à certaines de leurs interventions plutôt que de n’en voir que le résultat.
Hormis ces deux points, j’ai adoré ma lecture !

Nouvelle-Orléans, 1919. Alors que le monde a les yeux tournés vers les révolutions technologiques, un tueur en série sévit dans les rues de la ville, réveillant les vieilles superstitions locales. Le tueur à la hache aime attirer l’attention et tue ses victimes de manière crue et spectaculaire, semant la terreur chez les habitants et faisant rager la police. On va ainsi suivre l’enquête à travers les yeux de Grace, une chiromancienne, Ian, un psychiatre et un vieil inspecteur de police. Mais chacun à un passé qu’ils tentent d’oublier ou au contraire tentent de réveiller…

Je me suis laissée prendre par cette histoire, cette ambiance steampunk aboutie et ses personnages bien pensés. Il y a pas mal d’informations à saisir entre les différents personnages, les éléments politiques et historiques de cette uchronie mais Johanna Marines gère bien cette profusion d’éléments.

L’univers et l’intrigue sont foisonnants et on aborde autant la question de stopper ce meurtrier que des questions sociétales. A travers le statut des automates, des créations qui ont acquis des émotions humaines, l’autrice introduit une réflexion poussée autour de la discrimination et la mixité avec en question de fond ce qui définit l’humanité, alors même que sévit dans les rues un assassin monstrueux et inhumain.
Mais ce récit est avant tout une enquête sur ce fameux tueur à la hache et son copycat, mais aussi sur le passé de Grace. Tout ceci donne une ambiance sombre et un tantinet angoissante.

C’était donc parti pour être une très bonne lecture mais ce ressenti est pondéré par une fin qui ne m’a pas convenue. J’ai eu le sentiment de certaines incohérences et d’éléments trop rapidement résolus alors que l’autrice avait pris jusqu’alors le temps de poser et développer son intrigue. Il m’a manqué une certaine logique, ce qui est bien dommage. Un assez bon roman donc dans l’ensemble mais qui n’a pas tenu ses promesses jusqu’au bout.