Prospérine Virgule-Point et la phrase sans fin est un récit comparable à nul autre ! Imaginez : Laure Dargelos est parvenue à créer toute une histoire avec des personnages, des lieux, des professions et situations issus de la ponctuation et de la mise en forme d’un texte. Cela semble confus dit comme ça mais c’est justement ce qui fait toute l’originalité de ce texte.

Prospérine habite avec toute sa famille dans le village créé pour entretenir un texte, celui d’une jeune apprentie écrivaine en l’occurrence. Chaque lettre est bichonnée avec amour et savoir-faire. Pourtant la ville est fragilisée car ce texte n’a jamais connu de conclusion, la jeune autrice s’étant même arrêtée au milieu d’une phrase. L’ombre de l’effondrement de la ville pèse sur tous depuis des années. Alors quand Prospérine découvre un mort dans sa boutique de fleurs, elle décide de mener l’enquête, persuadée que les éléments sont peut-être liés. Elle embarque avec elle Honoré, un jeune homme qui a quitté le village pour faire carrière à Capitale, et qui est loin d’être heureux de cette association forcée…

Prospérine Virgule-Point et la phrase sans fin nous emmène dans les pas de cette apprentie enquêtrice, déterminée à sauver son village et mettre à jour ce qui se trame dans l’ombre. Sympathique, simple et solaire, elle forme un duo de choc avec Honoré qui est tout son contraire.

C’est foisonnant, intelligent dans ses trouvailles, sans être dénué d’humour. Le travail sur les illustrations, la typographie même du texte rend particulièrement justice à tout ce que l’autrice a pu imaginer.
L’enquête est bien ficelée et nous offre un cosy-mystery bien agréable. Le seul défaut que je reproche à ce texte, c’est le manque d’attachement que j’ai eu pour les personnages. Ils me sont apparus un peu en arrière-plan au regard de l’ingéniosité des trouvailles textuelles.

​Depuis que sa mère l’a confiée à sa tante alors qu’elle n’était qu’une enfant, Oko vit sous le joug de cette sorcière revêche. Alors quand à 16 ans, elle apprend que Souamaro, le premier envouteur, cherche un apprenti, Oko n’hésite pas à se présenter aux épreuves, quand bien même la magie n’est réputée apparaitre que chez les hommes. Oko est capable de parler la magie des plantes et espère que cela sera suffisant pour gagner sa place et sa liberté…

C’est parce qu’il est dans les finalistes du PLIB 2022, que je me suis lancée dans cette saga. J’ai déjà eu l’occasion de lire d’autres romans de Laetitia Danaé, et si Rozenn était plutôt sympathique, je n’avais pas du tout apprécié Que la mort soit douce. C’est donc avec pas mal d’appréhension que j’ai débuté cette lecture et j’en ressors avec la conviction que cette autrice n’est pas pour moi. Certes, les chapitres sont courts et l’écriture très accessible, ce qui donne du dynamisme au récit. On sent que l’autrice sait où elle va et mêle à la fois l’apprentissage de la magie mais aussi tous les enjeux politiques qui en découlent. Sur le papier, ce sont des ingrédients qui fonctionnent plutôt bien, malheureusement, je me suis pas mal ennuyée dans ce récit.

Il faut dire que je n’ai pas réussi à apprécier l’héroïne qui m’a trop rappelée les précédents personnages de l’autrice : des héroïnes impétueuses et dont l’absence de mesure les place souvent dans des situations compliquées.
Les autres figures féminines ne sont pas plus attachantes avec des femmes ambitieuses ou des femmes de pouvoir qui gèrent avec autorité et froideur, voire par la menace. Quant aux personnages secondaires, ils sont assez manichéens et manquent de nuances pour me plaire et me convaincre.

Ce qui aurait pu rattraper mon appréciation, c’est le système de magie et son apprentissage. Malheureusement, celui-ci est resté très en surface, les leçons consistant seulement en l’écoute de contes traditionnels ce qui ne donne pas du tout l’occasion de comprendre le fonctionnement de cette magie ni qu’aucune tension ou curiosité ne s’installe quant à son apprentissage.
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Si vous aimez les récits qui mêlent apprentissage compétitif, enjeux sentimentaux, une pointe de magie et des intrigues de cour, ce roman vous conviendra peut-être. Pour ma part, il m’en fallait bien plus malheureusement… 

​Titre : La plus forte
 
Auteur : Jo Watson
 
Editeur : Editions Hachette

Nombre de Pages : 317

Date de Parution : 10 août 2022

Le monde de Lori a explosé ces dernières années : son père est parti pour une femme plus jeune, sa mère est démissionnaire, se cherchant une seconde jeunesse, et ils viennent de quitter Johannesburg pour une petite ville côtière afin que son petit frère, Zac, intègre un établissement adapté à ses besoins. Arriver à Baywater High, qui se targue de “l'athlétisme” de son corps étudiant, est un cauchemar pour la jeune fille aux mensurations size plus. 
Son ancienne école d’art, où son talent avait plus de poids que son tour de taille, lui manque. Sa vie va toutefois prendre une direction inattendue, quand elle réalise que Jack, (aka le BG sportif), est bénévole dans l’établissement qui accueille Zac.
 
J’ai eu quelques craintes autour des clichés en débutant cette histoire mais je me suis rapidement retrouvée complètement impliquée dans ce que ressentait et traversait Lori et j’ai dévoré ce roman. 
 
Alors, oui, Jake, semble trop beau pour être vrai… Mais justement, cela renforce l’idée que Lori a droit au meilleur comme en rêve tout le monde et qu’elle n’a pas à brider ses attentes. Mais ce n’est pas l’amour qui la “sauve” pour autant (heureusement !). L’autrice met en avant combien certaines rencontres sont essentielles, l’importance d’un travail thérapeutique - avec ses hauts et ses bas - et la difficulté à combattre ses démons et s’accepter. C’est seulement ces étapes qui permettent à Lori d’envisager une relation amoureuse, et non l’inverse ! 
Mention spéciale à la thérapeute de Lori qui était tout bonnement incroyable dans sa façon d’amener Lori à affronter son passé et apprendre que ce qu’elle est bien plus que son corps et surtout, ce que certains peuvent penser de son corps.
 
Je ne m'attendais pas à ce que cette histoire parvienne à traiter autant de sujets (santé mentale, neuroatypisme, traumatismes familiaux, image corporelle) en étant convaincante mais cela a été le cas. Et même si on n’a pas vécu la même chose, on ne peut qu’être touchée par le chemin que parcourt Lori pour s'accepter telle qu’elle est, bouleversée par la violence de ce qu’elle a intériorisé bien malgré elle de ses expériences de harcèlement.
 
Un contemporain jeunesse avec de beaux messages que je vous recommande !

Kiva Meridan, 17 ans, n'avait que 7 ans lorsqu'elle a été incarcérée avec son père, dans la tristement célèbre prison de Zalindov, dont personne n’est jamais ressorti. Elle a fait ce qu'elle devait pour survivre et est désormais la guérisseuse de la prison même si cela signifie mener une existence solitaire, sous le regard haineux de nombre de prisonniers.
Mais c’est lorsque la reine rebelle est capturée et amenée à l'infirmerie que les vrais ennuis commencent : Kiva doit absolument trouver le moyen de la soigner pour qu’elle puisse affronter des épreuves connues pour être insurmontables. Si elle échoue, ce sont les rares personnes auxquelles elle tient qui en paieront le prix. Face à ce dilemme, Kiva n’a d'autre choix que de se désigner pour passer les épreuves à sa place…
 
The Prison Healer est le 1er tome d’une trilogie qui s’annonce hyper prometteuse. 
 
Toute l’intrigue de ce premier tome se passe en huis clos dans la prison mais sans que ça ne restreigne l’intrigue. Au contraire, ce monde avec ses propres règles, coupé de l’extérieur, est un univers en soi, glaçant mais fascinant. Nous sommes immédiatement plongés dans la tension, les horreurs de cette prison, où la brutalité de ses gardiens est connue, où enterrer ses émotions est la seule solution pour ne pas subir les ravages d’un tel lieu. Le lecteur découvre l'horreur de cet enfer, les abus, le travail exténuant et les mauvaises conditions de vie. 
 
Kiva est un personnage auquel on s’attache rapidement : intelligente, prudente, elle a su se rendre indispensable même si la solitude est le prix à payer, jalousée par les autres prisonniers, mais aussi parce qu’elle refuse de s’attacher, vu l'espérance de vie à Zalindov.  C’est tellement agréable de suivre une héroïne qui sait mesurer les risques et ne pas jouer les têtes brûlées.
  
L’histoire est vraiment prenante, rythmée par les épreuves mais aussi l’enquête sur une terrible épidémie et on dévore les pages. J’ai vu venir certaines choses mais j’ai été complètement bluffée par d’autres : l’autrice m’a eue et j’adore cette sensation !  Il est évident que j’ai envie de me jeter sur la suite et ne peut que vous encourager à découvrir cette trilogie.