LES CHRONIQUES DE ZI T.1
Auteur : Jean-François Chabas
Éditeur : Éditions Nathan
Nombre de Pages : 224
Date de Parution : 11 janvier 2018
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Les Chroniques de Zi est un roman de fantaisy jeunesse dont il n’est pas facile de parler… Si la 4ème de couverture nous accroche avec un résumé nous proposant le sauvetage d’une princesse aux prises avec une terrible sorcière et un ogre redoutable, il faut savoir que ce premier volet est découpé en deux histoires distinctes. Dans un premier temps, nous découvrons Alarna, une sorcière aux pouvoirs immenses, dévoreuse d’enfants. Lorsque nous la rencontrons, elle a jeté son dévolu (et son appétit) sur le nouveau-né royal. Elle convoite tellement cet enfant qu’elle est prête à beaucoup pour s’en emparer et le dévorer. Ce premier récit est épique, sombre et dévoile quelques créatures du Royaume des Mille Lacs originales et effrayantes. Quinze ans plus tard, l’Héritier et la sorcière n’ont jamais été retrouvés. Phelan vit avec sa mère et son beau-père dans le paisible village de Cairnbaan. Le jeune homme prépare secrètement son départ vers les Monts-Jaune afin de sauver Nara, la princesse exotique du royaume des Trois vagues. Il en est tombé éperdument amoureux lorsqu’il a croisé son regard alors qu’elle traversait à cheval son village. Sauf que ce cheval s’est emballé, menant la malheureuse directement dans les montagnes où sévit un ogre invincible. Avec toute la fougue de son jeune âge, Phelan est convaincu que la jeune fille ne s’est pas encore fait dévorer et est prêt à se risquer sur ces terres où même les plus valeureux guerriers ne pénètrent pas. Sauf qu’il est loin d’imaginer que sa route va être semée de rencontres plus dangereuses les unes que les autres… Les Chroniques de Zi est un roman court dans lequel on se plonge très rapidement, l’écriture de Jean-François Chabas nous embarquant immédiatement dans cet univers de conte médiéval. Les descriptions sont immersives mais restent suffisamment courtes pour accrocher un public jeune. Il existe certains raccourcis dans la narration ou dans l’évolution des personnages mais ces choix stylistiques sont classiques dans le genre littéraire du conte et sont donc parfaitement adaptés. Du côté des personnages, Phelan illustre bien la fougue et la naïveté qui peuvent caractériser l’adolescence. Plein de certitudes, il est persuadé d’avoir été touché par le grand amour même si son beau-père tente de lui faire comprendre que l’amour est plus subtil et profond que ce qu’il ressent, et surtout qu’il ne s’éprouve que si on a réellement rencontré la personne aimée 😏. Pour jouer les preux chevaliers, il est prêt à remuer ciel et terre, convaincu de pouvoir réussir là où les autres ont échoué. On assiste avec un petit sourire à ses déconvenues qui débutent à quelques lieues seulement de son village. Pour autant, on se dit que ce sont son impétuosité et la force de sa conviction qui vont peut-être amener des changements profonds dans ce royaume. Si le "héros" est un personnage agréable à suivre, la force de ce récit s’ancre surtout autour des personnages maléfiques, la sorcière Alarna ou les habitants d’une ferme sur le chemin de Phelan. Ces créatures sont originales dans leur création ou dans leur noirceur, faisant d’elles des personnages captivants. L’auteur a imaginé des créatures mauvaises qui ont un goût certain pour le crime ou le sang et le lecteur est vite fasciné par ces personnages atypiques. Là où j’ai eu du mal avec ce roman, c’est dans sa construction. Avec un prologue sur la sorcière et l’enlèvement du jeune prince aussi long (près d’un quart du livre), on s’attend à revoir ces personnages dans la seconde partie du roman, or ce n’est pas le cas même s’ils sont brièvement évoqués. De même le personnage de Zi qui a donné son nom au roman fait son apparition durant quelques lignes et n’est plus évoqué dans ce premier volet. Dans un premier tome, il est d’usage de découvrir de nombreux personnages dont les liens ne sont pas pleinement exploités (les tomes suivants sont là pour ça) mais là, le lecteur n’en voit aucun, même à l’état d’ébauche. Ce découpage ne permet pas non plus d’avoir un suspense qui nous garde en haleine et l’intrigue peine à se dessiner. De ce que j’ai pu lire, cette saga est prévue en au moins 5 tomes et il est probable qu’en ayant tous les tomes à disposition, on puisse voir le schéma et l’intrigue imaginés par l’auteur. La question est de savoir si le public cible du roman (à partir de 13 ans) sera touché par une construction de saga aussi particulière et sera aussi patient… Je ressors donc très partagée sur cette lecture : le style et les personnages (notamment les méchants) m’ont fait passer un bon moment de lecture. J’ai trouvé certaines scènes particulièrement originales et captivantes, toujours quand ces "méchants" sont au cœur de l’action. En revanche, le choix du découpage du roman m’a empêchée de cerner l’intrigue globale et les enjeux de la quête de Phelan. J’ai lu que le second tome se présentait sous le même schéma. Je vais donc patienter et attendre la sortie de tous les tomes pour voir si je poursuis cette saga : peut-être qu’en ayant en main tous les éléments, il me sera plus facile de me laisser happer par Le Royaume des Mille Lacs… |