LE PASSAGEUR T.2 - Le Journal et le serpent

Auteur : Andoryss
Éditeur : Éditions Lynks
Nombre de Pages : 308
Date de Parution : 6 juin 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Voici un roman dont j’attendais la sortie avec impatience, avide de retrouver l’ambiance de cette histoire qui nous plonge au cœur des croyances Rom. Comme pour le premier volume, la couverture est extrêmement soignée et envoie un message des plus saisissants. Cette fois, nous avons quitté le cimetière du Père Lachaise pour nous retrouver sous les arches couvertes de l’Hôpital Ste Anne, haut lieu de la psychiatrie parisienne, donnant le ton de ce second roman. Pour autant, au-delà de cette couverture qui pourrait effrayer, le lecteur découvre un univers mystique où les fantômes nous emmènent à leurs côtés revivre différents pans de l’histoire française souvent méconnus. Mateo Soler est un Passageur. Il l’a découvert dans Le Coq et l’Enfant, le seul problème étant que ce rôle n’est dévolu qu’aux femmes. Le jeune homme n’est toutefois qu’en partie surpris de pouvoir percevoir les âmes des défunts puisque sa mère était elle-même une Passageuse et qu’il a baigné depuis tout petit dans cette culture. Seulement, sa mère est morte depuis longtemps et sa famille s’est éloignée de la communauté Rom qui aurait pu le guider. Malgré tout, Matéo a pu aider son premier dévoreur d’âmes, un Trushal Odji, ces fantômes dont la tristesse est telle, qu’ils aspirent à eux toutes les âmes qui les entourent et dont les pleurs, uniquement audibles par les Passageurs, peuvent conduire à la folie. Matéo sait désormais pourquoi il dispose de ce don et commence à ne plus le voir uniquement comme une malédiction. On dit toujours que c’est la première fois la plus dure et c’est avec une certaine confiance qu’il attend l’appel d’une nouvelle âme. Évidemment, ce qui devait être quelque chose de désormais aisé s’avère beaucoup plus ardu, et c’est une âme très particulière qui entraine Mateo dans son sillage, au cœur de l’hôpital psychiatrique de Ste Anne, durant l’occupation allemande. Le Journal et le Serpent est une excellente suite qui confirme mon coup de cœur pour cette saga. Mel Andoryss renouvelle l’exploit de nous plonger au cœur de faits historiques à une époque apriori très connue mais en exploitant un angle de vue original, celui du sort des malades mentaux durant la seconde guerre mondiale, tout en continuant à développer sa mythologie. Le rythme du récit est oppressant, cadencé par le compte à rebours lancé par les premiers pleurs de l’âme en souffrance et la folie en ligne de mire si Mateo échoue dans sa mission. L’intrigue devient plus complexe avec de nombreux aller-retour passé/présent, des passerelles se créent entre les époques alors que cela ne devrait pas être possible, brouillant les lignes du temps. Matéo est malmené dans cette histoire, l’obligeant à plonger dans ses ressources et embrasser enfin le rôle qui est le sien. L’autrice nous en dévoile plus sur les attributions et pouvoirs du Passageur et fait apparaitre à ses côtés d’autres figures emblématiques des croyances Rom. Andoryss exploite la fascination qu'ont eu les nazis pour le paranormal pour nouer les fils de son intrigue entre fantastique et historique. Matéo découvre que ceux dotés de capacités mystiques comme les siennes sont poursuivis par une Organisation cherchant à s'emparer de leur pouvoir. Dorénavant liée aux SS, elle en devient un ennemi redoutable et implacable qui poursuit Matéo à travers les époques. En parallèle de sa mission envers les morts, nous continuons à suivre la famille de Matéo et les relations qu’entretiennent ses membres en quête de repères. Si dans le premier tome, Matéo était l’objet d’un rejet scolaire, victime de préjugés, c’est au tour de sa brillante petite sœur Luisa de découvrir le harcèlement de camarades de classe élitistes. C’est avec beaucoup de justesse que l’autrice dépeint les sentiments et les réactions de ces adolescents aimants qui doivent apprendre à se construire seuls et faire face à l’injustice et l’âpreté du monde qui les entoure. |
Le Journal et le serpent est une excellente suite qui nous plonge à travers l'histoire individuelle d'une âme en souffrance dans la Grande Histoire afin d'en redécouvrir des aspects peu connus. La fonction de Passageur et les croyances Rom qui gouvernent ce récit sont toujours aussi passionnantes et originales. Le tout est porté par une plume et un traitement de l'intrigue addictifs qui nous rendent captifs de cette histoire jusqu'à son terme. |