L'ENFANT D'ORADOUR
Auteur : Régis Delpeuch
Editeur : Editions Scrineo
Nombre de Pages : 144
Date de Parution : 16 mai 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Premier roman que je lis de Régis Delpeuch, L'Enfant d'Oradour est loin d'être le premier texte de l'auteur puisqu'il se consacre depuis plusieurs années à l'écriture de romans jeunesse après une carrière d'enseignant. Roger n'a que 4 ans quand ses parents, ses deux grandes sœurs et son petit frère sont expulsés de leur village en Moselle à l'arrivée de l'armée Allemande. Ils ont deux heures pour emballer quelques maigres affaires et quitter tout ce qu'ils possèdent. Quatre ans plus tard, ils se sont réfugiés avec quelques autres familles dans la Haute Vienne, dans le petit village d'Oradour sur Glane. Chacun a tenté de reprendre une vie après le traumatisme de l'expulsion, son père est devenu assistant boulanger tandis que leur mère fait de menus travaux, en plus de s'occuper de la maison. Roger ne fait pas exception et malgré l'austérité de la vie durant la guerre, c'est un petit garçon espiègle, plein de vie, qui préfère courir dans les champs ou pécher dans la rivière avec ses amis plutôt que d'être en classe. Le 10 juin 1944, tous les enfants du village sont réunis à l'école pour la visite médicale annuelle quand plus d'une centaine de soldats allemands pénètre dans la ville. A les écouter, il ne s'agit que d'une fouille des maisons à la recherche de maquisards et de caches de la résistance. Ouradour est un village paisible et les adultes, bien qu'inquiets, savent que l'épreuve sera courte. L'ordre est donné de rassembler tout le monde sur le champ de foire mais Roger, se souvenant du conseil de son père de se cacher si les allemands arrivaient, prend le chemin inverse en incitant ses sœurs à le suivre. Celles-ci, désireuses de retrouver la protection de leurs parents, préfèrent rejoindre le rassemblement et Roger file dans les rues désormais désertes du village. La suite est malheureusement tristement célèbre et le lecteur sait vers quel drame le village et la famille de Roger se dirigent... L'enfant d'Oradour nous explique à l'aide d'un style descriptif et accessible la fuite de Roger, ses craintes pour sa famille dont il est séparé alors qu'il n'a que 8 ans, tandis qu'il trouve refuge dans le village voisin. Les doutes qui l'assaillent au fil des heures qui passent, du silence et de la peur des adultes qui veillent dorénavant sur lui. A aucun moment Roger n'assiste directement aux évènements et c'est donc à travers son regard "qui n'a rien vu" que le lecteur découvre le massacre. Le roman se clôt sur un petit livret documentaire très bien fait qui nous montre quelques images du village de nos jours et qui revient également sur la chronologie des évènements et les faits historiques. Régis Delpeuch nous donne enfin quelques informations sur ce qu'est devenue la vie de Roger par la suite. Ce roman est destiné à un public jeune, à partir de 9 ans. La question qu'il est légitime de se poser est de savoir si un tel sujet est indiqué pour des enfants aussi jeunes ? En tant que maman, j'ai beaucoup tendance à préserver mes enfants de l'actualité et des faits violents. Même adulte, il est déjà tellement difficile d'évoquer ces sujets qui dépassent l'entendement, qu'on a tendance à les éviter avec nos enfants, voulant encore préserver leur innocence, et éviter de se retrouver désemparés pour expliquer quelque chose qui est inexplicable, quel que soit son âge. Pour autant, l'auteur le souligne bien quand il évoque son roman, "les dangers les plus extrêmes sont ceux que l'on occulte, ceux que l'on refuse d'affronter, croyant par-là qu'ils ne se reproduiront jamais. Si nous voulons faire de nos enfants des citoyens responsables, si nous voulons les éveiller à une véritable culture de la paix, il faut leur faire prendre conscience très jeunes que l'histoire s'emballe toujours plus vite qu'on ne le croit, et verse souvent dans l'abime de la barbarie." Ce texte nous donne les moyens d'en discuter à partir des mots d'un enfant qui a vécu les évènements tout en ayant déjà lui-même le filtre de la distance et qui, bien qu'étant acteur, ne découvre les évènements qu'à travers le récit lui-même filtré des adultes. |
Alors oui, je préfère faire découvrir à mes enfants des romans qui recèlent des histoires qui les font rêver, les emmenant sur le chemin du merveilleux. Toutefois, L'enfant d'Oradour est un roman que j'ai glissé dans leur bibliothèque car c'est un texte historique romancé très bien fait, parfait pour engager des discussions indispensables sur ce que peut être l'Homme aussi malheureusement, et qui les mèneront, je l'espère, sur la voie pour devenir des adultes responsables et éclairés. |
... Bonne Lecture ...
pour leur confiance