Titre : Rouge
Auteur : Pascaline Nolot
Editeur : Editions Gulf Stream
Nombre de Pages : 312
#PLIB2021
Date de Parution : 16 avril 2020
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
J'ai eu l'occasion de lire par le passé 3 romans jeunesse de Pascaline Nolot et à chaque fois j'ai énormément apprécié sa façon de traiter les thématiques qu'elle y abordait. Alors quand j'ai découvert qu'elle publiait un roman pour un lectorat plus adulte, je n'ai pas hésité longtemps avant de me pencher sur Rouge, même si, pour être honnête, je ne suis pas très fan des réécritures de conte, ayant toujours la crainte de découvrir une lecture sans suspens puisque, a priori, je connais déjà l'histoire… Comme on peut le supposer entre le titre et la couverture, nous allons plonger dans une histoire qui s'inspire très librement du conte du Petit chaperon rouge. Mais l'autrice a finement joué les choses car si l'on retrouve bien les éléments du conte : les loups, la grand-mère, le chasseur, la jeune fille en rouge… le tout est tissé de façon à créer une histoire nouvelle et inédite. Nous découvrons ainsi l'histoire de Rouge, une jeune fille de 13 ans, marquée par une histoire familiale sombre, et qui a eu le malheur de naitre avec une tache de naissance sur le visage, marque que tous ont attribué au Malin. S'il s'agit d'un récit de fantaisy, l'univers créé s'inspire de l'époque moyenâgeuse et l'on retrouve les croyances de cette époque où toute anomalie ou physique qui sort de l'ordinaire est de suite imputé au diable. Dans cette vie austère où la religion occupe une place centrale, la marque que porte Rouge va conditionner sa vie dans le village. Si certains sont prêts à tuer le bébé dès sa naissance, la survenue d'une malédiction va paradoxalement protéger l'enfant de la mort, par crainte que la situation n'empire. Cette malédiction oblige désormais chaque jeune fille à se rendre dès la survenue de ses premières règles dans les bois, à la rencontre de la Grand-mère, une femme que l'on prétend sorcière. Tous espèrent que lorsque le temps sera venu pour Rouge de quitter le village à son tour, la malédiction cessera. Si la peur les retient de s'en prendre véritablement à Rouge, rien ne les limite dans les humiliations et le rejet dont ils peuvent faire preuve à son égard et Rouge en vient à se demander si son sort dans les bois ne sera finalement pas plus clément... On se plonge dans cette histoire à travers le point de vue de Rouge mais de nombreux flashbacks nous projettent dans l'histoire de sa mère, dont la mort est marquée d'un grand tabou, beaucoup affirmant que c'est à cause d'elle que la malédiction s'est abattue sur le village. Le roman nous dévoile un récit à l'ambiance poisseuse, sombre et malaisante, marquée par l'obscurantisme religieux. On découvre le manque d'humanité qui découle du fanatisme et du manque d'éducation, des croyances et des superstitions. Avec un texte et une thématique pareille, la question de la place de la femme n'est jamais loin, question omniprésente symbolisée par cette malédiction qui touche les jeunes filles quand elles deviennent femmes. Il est également question évidemment de l'apparence, avec cette jeune fille marquée par une tache de naissance et dont tous se moquent. La réflexion se porte aussi bien sur la beauté, le besoin de plaire, que la laideur, apparence gracieuse ou disgracieuse qui nous rend dans tous les cas, captif du regard d'autrui. La question sous-jacente étant de savoir si l'apparence définit notre intériorité ou pas, et quelle part de notre personnalité elle incarne. Ce roman se lit d'une traite même si on peut parfois avoir quelques petits sentiments de redite, l'autrice revenant sur certains évènements-clés à travers le regard de différents personnages. Si la scène à laquelle on assiste est la même pour le lecteur, elle est toutefois teintée d'un regard nouveau lié à la personnalité du narrateur, nous faisant peu à peu comprendre dans son intégralité, les tenants et aboutissants des évènements et ce qui en a découlé. |
Les thématiques abordées ont de quoi secouer puisqu'il est question de violences faites aux femmes, quelles que soient leur forme, mais aussi de la façon dont leurs bourreaux se dédouanent de leurs actes. Attendez-vous à être tour à tour révolté, sidéré, désabusé par ce que l'autrice nous livre… |
... Une Lecture glaçante ! ...
pour leur confiance