
Titre : Wilder Girls
Auteur : Rory Power
Editeur : Robert Laffont - Collection R
Nombre de Pages : 439
Date de Parution : 13 février 2020
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Comment passer à côté de Wilder Girls et de sa couverture tout aussi captivante que dérangeante signée Aykut Aydogdu. Premier roman de Rory Power, la quatrième de couverture nous promet un huis-clos malaisant et déroutant. Raxter : une petite ile au large de Boston. Rien dessus à part la forêt et un pensionnat pour jeunes filles, établissement encore plus coupé du monde depuis qu’un étrange mal, la Tox, est apparu sur l’île il y a un an et demi. De cette maladie, on ne sait rien si ce n’est qu’elle ravage les corps, a tué la plupart des adultes et n’est qu’une succession de crises qui conduisent les jeunes filles à muter ou mourir. Rien n’est épargné par la maladie : ni les animaux qui se sont transformés en d’effroyables créatures, ni la végétation oppressante et envahissante. Depuis le début de l’épidémie, l’ile vit coupée du monde, les jeunes filles recluses dans le pensionnat, seulement autorisées à sortir pour récupérer le maigre ravitaillement qu’on leur livre une fois par semaine. Aucun autre contact avec l’extérieur, pas même avec leur famille. Entre la faim et le froid, un reste d’organisation persiste sous la houlette de la directrice et de son adjointe en attendant qu’un remède ne soit trouvé. La narration se fait au travers du personnage d’Hetty qui évoque la vie sur l’ile auprès de ses amies Byatt (dont nous découvrons au fil des pages le point de vue) et Reese. Une amitié pas toujours simple, extrême, faite d’amour mais aussi de violence. Leur amitié est étrange, parfois malaisante parce que teintée de non-dits, d’animosité et de la Tox. La Tox qui dénature les corps de manière dérangeante, jouant clairement sur nos angoisses de morcellement, de destruction du corps. Les descriptions des tourments provoqués par la maladie sont sans fard et vraiment gores. La première partie du roman est assez lente, nous plongeant dans l’ambiance oppressante de ce huis-clos survivaliste au rythme de l’organisation bien rodée qui garantit tant bien que mal la survie de tous. La maladie, les relations entre les personnages… tout est fait pour que cela soit malaisant et l’autrice y parvient parfaitement. Le cadre même de l’ile est plombant entre ce sentiment d’isolement, la nature oppressante et le froid qui s’abat sur l’ile. Tout s’accélère dans la seconde moitié du roman, quand la machine dérape, quand le fragile équilibre se grippe. On se doute de certaines révélations, on est surpris par d’autres. On reste déstabilisé par nos personnages qui sont loin d’être irréprochables, pas toujours en accord avec certains de leurs choix. Rory Power ne leur facilite pas les choses et nous ballote sur une mer de sentiments contradictoires. En revanche, il est difficile de cerner les intentions de l’autrice sur les messages qu’elle souhaite véhiculer dans cette histoire, à l’image de la fin très ouverte qui nous laisse sans doute avec trop de perspectives. C’est sans doute la combinaison de l’absence de ligne directrice évidente et de cette fin abrupte sans que tout ne soit résolu qui peut d’ailleurs donner un sentiment d’inachevé à l’histoire. |
Wilder Girls est une lecture qui mise beaucoup sur son ambiance sombre et dérangeante pour susciter (avec succès) le malaise chez le lecteur. La question de l’isolement, de la maladie et du survivaliste sont bien traités. Il est juste dommage que les intentions de l’autrice ne ressortent pas plus explicitement à l’image de la conclusion du roman qui nous laisse sur notre faim. |