
Auteur : Chloé Jo Bertrand
Éditeur : Bragelonne - Collection BigBang
Nombre de Pages : 410
Date de Parution : 10 avril 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Déjà publié en 2016 sous le titre Il nous reste le ciel, le roman se refait une beauté et change de nom pour inaugurer la nouvelle collection des éditions Bragelonne à destination des jeunes adultes. Après un premier roman contemporain, Chloé Jo Bertrand nous plonge dans un récit apocalyptique qui ne fait pas dans la dentelle… Dans un futur très proche, la planète n'est plus qu'une terre ravagée par les catastrophes naturelles : tsunami en Australie, inondations mortelles en Inde, séismes et incendies s'abattent sur les populations, poussant les survivants à s'entasser dans les régions épargnées. Aux quatre coins du monde, Kiran, Charlie, Matthew et son petit frère Tobias font partie de ces rescapés. Sans nouvelles de leur famille, ces jeunes se retrouvent livrés à eux-mêmes et c’est à travers leurs yeux que l’on se penche sur leur survie et celle de l’humanité. Avec des protagonistes adolescents, je m’attendais naïvement à un récit survivaliste avec une violence contenue puisqu’il s’agit tout de même d’un récit classé Young Adult. Et bien j’étais loin du compte ! L’histoire de ces quatre garçons est très dure et Chloé Jo Bertrand ne nous épargne pas beaucoup. L’autrice se concentre sur le destin de ces 4 personnages, délaissant complètement le reste de l’humanité, teintant ce récit d’une ambiance d’huis-clos. Des catastrophes climatiques qui ravagent la planète, on ne saura finalement pas grand-chose. On constate surtout combien l’humanité peut rapidement sombrer dans une violence qui ne peut pas être expliquée que par l’instinct de survie. L’homme replonge dans une bestialité et l’évolution de certains personnages illustre d’ailleurs parfaitement le dicton affirmant que " l’homme est un loup pour l’homme"… Le récit se lit vite, enchainant les points de vue entre nos 4 protagonistes, privilégiant les dialogues au style assez familiers aux descriptions. L’autrice a construit son récit de telle sorte que la perception du temps s’étiole peu à peu, utilisant les ruptures de temporalité, avec des retours en arrière de plus en plus fréquents. Ce procédé, s’il contribue à l’atmosphère de ce roman, pourra peut-être par ailleurs gêner ceux qui ont besoin d’un fil narratif continu pour ne pas se perdre. L’autrice multiplie les choix narratifs et stylistiques non conventionnels et certains de ces choix m’ont pas mal interrogée, notamment l’absence quasi-totale de personnages féminins, que ce soient dans les personnages principaux ou dans les personnages que nos héros vont croiser. (Une jeune survivante sera là durant quelques pages avant de tracer sa route en solitaire). On ne peut que s’interroger sur le sens de cette masculinité omniprésente : les femmes ne sont pas assez fortes pour survivre dans ce monde ? La violence ne peut être qu’endurée ou générée par les hommes ? En tout cas, cette absence de féminité (et d’adultes) donnent une atmosphère étouffante où rien ne vient adoucir la souffrance de ces jeunes ou proposer un angle de vue différent. Avec un petit côté Nature Writting, le lecteur partage les pensées et émotions de nos personnages. Pour autant, l’action est présente et donne un bon rythme à ce récit, nous faisant rapidement tourner les pages. Sadique jusqu’au bout, l’autrice nous laisse avec nos personnages dans une situation dramatique. Heureusement le tome 2 arrive très prochainement… |
Malgré certains choix de l’autrice quant à son style, ses choix d’écriture et de narration qui m’ont pas mal interrogée, je dois admettre que ce roman remplit mes attentes : l’ambiance est ultra oppressante, loin des versions aseptisées que l’on peut lire parfois. Il est dérangeant, glaçant, d’un grand pessimisme, heureusement partiellement atténué par les liens qui unissent nos personnages. Si vous aimez les récits un peu hors normes (et pour public averti quand même…), n’hésitez pas à découvrir ce roman. |