
Titre : Boxap 13-07
Auteur : Amalia Anastasio
Editeur : Editions Scrineo
Nombre de Pages : 368
Date de Parution : 05 septembre 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Boxap 13-07 est un roman dont le titre intrigue d'autant que la 4ème de couverture en révèle bien peu finalement. Derrière le pseudonyme Amalia Anastasio se cache en fait un couple d’auteurs pour écrire à 4 mains ce premier roman. Les Editions Scrineo complète la présentation de ce roman en le plaçant dans la droite lignée de la série télévisée Black Mirror, promettant une histoire qui nous agite les neurones. Aîleen, sous l’avatar d’Aiko, est une employée modèle. Comme toute l’humanité, elle vit dans un appartement/boite dont elle ne sort jamais. L’automatisation de toutes les productions humaines a rendu obsolète le besoin d’agir concrètement sur le monde et tout se pilote dorénavant depuis un centre de contrôle où l’on se rend virtuellement. Les contacts humains ne se font plus qu’à travers cet espace et l’avatar d’une personne a plus d’importance que la personne physique. Ce sont les actions et le travail de l’avatar qui créditent des points permettant d’améliorer un peu le quotidien de son corps physique. Aileen, à la façon d’une fourmi ouvrière, travaille sérieusement et gravit régulièrement les échelons de cette société, gardant consciencieusement pour elle les questions qui la taraudent sur l’Extérieur. Astur vit dans le Noun, le reste du monde qui a refusé de s’engager dans cette humanité désincarnée. Les anciens du village lui ont bien parlé de ces rangées de tours où vivent désormais les Hommes mais le jeune homme est curieux de voir par lui-même ce qui lui semble être une aberration. Pour cela, il est prêt à risquer sa vie pour se glisser dans l’un de ces bâtiments et découvrir ce qui s’y cache… Box-App 13-07 démarre en nous plongeant directement dans le quotidien de ces deux personnages qui incarnent chacun une évolution de l’humanité. Les chapitres alternent ainsi entre les points de vue d'Aïleen et d'Astur, nous mettant dans l’attente d’une possible rencontre entre eux. Si les chapitres consacrés à Astur sont facilement accessibles, il faut un peu plus de temps pour s’imprégner du vocabulaire relatif à l’univers d’Aileen. Beaucoup sont des néologismes dont on comprend assez facilement le sens (comme le terme boxap qui est la contraction de Box-Boite et Ap-Appartement) et au besoin, un glossaire a été inséré en fin de roman pour préciser la définition de ce vocabulaire technique. Le quotidien d’Astur demeure assez proche de notre vie actuelle même s'il est plus austère, et c’est le quotidien d’Aïleen, digne des films d’anticipation, qui nous fait le plus réagir. Ce monde qui pourrait être un possible avenir, place la vie virtuelle et les réseaux au premier plan. Certains aspects de cette vie sont assez extraordinaires de par les possibilités qu’ils offrent mais on ne peut qu’être frappé dans le même temps par l’horreur de ces vies dont on a extrait toute substance et tout substrat concret. Le roman, véritable satyre, dénonce de manière très ouverte notre société de consommation et la surexploitation de nos ressources, dévoilant une planète et un mode de vie moribond même si l’humanité refuse d’en prendre conscience. C’est en cela que l’on retrouve l’esprit de la série Black Mirror puisque les auteurs interrogent le lecteur sur les conséquences de cette hyper technologie et son influence sur la nature humaine et inversement. L’acceptation tacite de cette technologie et surtout la perte de conscience morale conduit l’humanité vers une chute qui semble inéluctable. Si j'ai aimé la force du message transmis par les auteurs et que je suis sensible à cette volonté de faire réagir, j'ai trouvé dommage que cela se fasse au détriment d'une intrigue plus élaborée. BoxAp 13-07 ne peut pas véritablement se classer dans les dystopies car il n'y a pratiquement aucune confrontation entre ces deux mondes ni perspectives d'une (r)évolution, seulement une photo à un instant T d'une planète et d'un mode de vie consumériste décadent. La fin est à cette image, plus qu'ouverte, juste abrupte avec un sentiment de trop peu. |
BoxAp est un roman qui me laissera un gout mitigé. Je salue complètement l'engagement des auteurs avec leur volonté de frapper les esprits avec ce monde où l'outrance technologique et mercantile est de mise, qui fait douloureusement écho à notre époque où cette surconsommation ne manque déjà pas. En revanche, je suis déçue de la partie narrative et scénaristique qui était réduite au minimum au profit du message, avec un sentiment que les personnages n'étaient qu'un prétexte pour dénoncer une situation vers laquelle l'humanité peut aboutir. Donc à vous de voir ce que vous attendez de ce roman et si vous vous lancez dans sa lecture… |
... Je m'attendais à mieux ...
pour leur confiance