CELUI QUI DESSINAIT LES DIEUX

Auteur : Alain Grousset
Éditeur : Éditions Scrineo
Nombre de Pages : 192
Date de Parution : 6 juin 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Les Éditions Scrineo ont le chic pour proposer des petits romans jeunesse qui sortent un peu des sentiers battus. Ici il sera question de suivre les traces d'un jeune artiste au temps de la préhistoire, cadre d'un récit que l'on ne croise pas si souvent finalement. Comme toujours, la couverture signée Noémie Chevalier est très réussie et attire le regard, de quoi donner envie aux jeunes lecteurs de découvrir ce qui se cache derrière. Après la disparition de ses parents, Ibhô a été recueilli par Taar, Celui qui dessine les dieux. Cet homme a un rôle très important dans le clan puisqu'il est en charge de décorer les murs de la grotte sacrée, amenant les faveurs des dieux sur les chasseurs du clan afin assurer la prospérité du village. Ibhô est un apprenti appliqué, montrant un talent certain pour le dessin et sait restituer une image dynamique et vivante des animaux. Taar est fier de son protégé et est persuadé qu'il lui succèdera dignement même si le Chaman voue une antipathie profonde pour le garçon, ayant préféré que ce soit son propre fils qui soit désigné. A la mort de son maitre, Ibhô reprend avec humilité, application et détermination les fonctions de Dessinateur pour les dieux. Mais malgré le réalisme de ses dessins, la chasse demeure infructueuse et la place d'Ibhô est remise en question. Le chaman a vite fait d'affirmer qu'Ibhô n'a pas la carrure pour ce rôle et son fils tente dès lors de le tuer lors d'une chasse. Le jeune garçon sait que s'il a échappé à cette tentative de meurtre, il n'en sera pas toujours le cas. Il ne peut rester plus longtemps dans le clan et prend la fuite avec son matériel de dessin, bien décidé à trouver les grottes merveilleuses dont son maitre lui a parlé et qui se cachent près d'une eau sans fin. Ce roman jeunesse prend rapidement la forme d'un périple initiatique où Ibhô doit faire face aux dangers que représentent les guerriers de son clan qui le traquent mais également survivre dans une nature aussi superbe que dangereuse. On retrouve une nature telle que nous ne la connaissons plus, avec des animaux aujourd'hui disparus, la crainte des phénomènes naturels et l'obligation pour l'homme de suivre et de s'adapter au rythme de la nature plutôt que de le faire plier. La plume de l'auteur est agréable et le vocabulaire bien que précis ne mettra pas en difficulté les jeunes lecteurs. La première partie du roman est assez narrative avec peu de dialogues, et c'est seulement dans la seconde partie du roman, avec l'arrivée d'un second personnage, que l'on voit apparaitre plus d'échanges, rendant l'écriture plus dynamique. Celui qui dessinait les dieux est des plus intéressants d'un point de vue documentaire : mine de rien, l'auteur nous immerge dans le quotidien des hommes de la préhistoire, rendant concret et vivant ce qui est décrit de manière plus traditionnelle dans les manuels d'histoire. On découvre ainsi la répartition des rôles entre les hommes et les femmes, l'importance de la chasse dans la survie des Hommes, les différentes façons de pister le gibier ainsi que les croyances de cette époque. Les techniques de l'art rupestre et pariétal, les outils, sont bien détaillés et l'on comprend la place capitale de cet art dans le culte des dieux. Ibhô est un personnage que l'on apprécie de suivre, courageux, volontaire et très ouvert d'esprit. Contrairement à ses compagnons, il exprime une pensée moderne en refusant de partager les opinions des hommes de l'époque qui sous estiment le rôle des femmes. C'est sans doute sa sensibilité d'artiste qui lui permet cette ouverture d'esprit, lui-même emprisonné dans les préjugés de ses camarades qui estiment qu'il vaut mieux être chasseur qu'artiste. Ce roman est un rappel que de tout temps, l'Homme a eu besoin de créer, que la fibre artistique n'est pas née en même que la civilisation dite moderne telle que nous la connaissons mais est inhérente à la pensée humaine. |
Celui qui dessinait les dieux est un roman jeunesse historique qui permet aux plus jeunes de découvrir en situation réelle l'art de vivre et les techniques des Hommes de la préhistoire, en suivant le périple d'un jeune artiste. Si la première partie du roman manque un peu de dynamisme en raison d'un style où les dialogues se font rares, la seconde partie corrige le tir, apportant une belle énergie à la fin de ce voyage initiatique. |
... Plutôt Bonne Lecture ...
pour leur confiance