
Auteur : Vincent Tassy
Editeur : Editions du Chat noir
Nombre de Pages : 346
Date de Parution : 5 septembre 2018
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
ISBN : 9782375680896
Il est de ces romans qui sur le papier ont tout pour vous plaire : une magnifique couverture, un résumé intrigant, une plume que l’ont décrit comme poétique… Comment le dire à la nuit remplit toutes ces conditions, et si les avis sont très partagés, j’avais bon espoir d’aimer ce roman d’autant que dans un autre registre, j’avais eu un coup de cœur pour Effroyable porcelaine du même auteur. Dans Comment le dire à la nuit, nous suivons la destinée de plusieurs personnages à travers les époques. Nous découvrons d’abord Athalie qui vient d’enlever un jeune homme, Adriel. Quelque chose en lui a réveillé son besoin de se raccrocher à la réalité, de s’ancrer dans le temps et de ne plus laisser son esprit partir à la dérive. Athalie aime d’un amour fou Adriel, un amour égoïste, dévastateur et violent. A ses côtés, Adriel a l’esprit d’un enfant, plein d’amour et de colère face à cette femme qui est tout pour lui, aussi bien dans le bon que dans le mal. A une autre époque, Egmont et Léopold vivent les derniers jours de leur amour interdit avant qu’Egmont ne se marie avec une femme. Car révéler que l'on aime un homme, c'est courir à la ruine et au déshonneur. Rachel est une jeune fille qui semble tout droit sortie d’une photo en sépia. Solitaire, elle cultive une image de jeune fille vieille avant l’heure, aux couleurs et à l’esprit déjà fanés. Elle met toute son énergie dans cette "absence de vie" et dans le renoncement. Pourtant, le destin a voulu qu'elle obtienne une rencontre avec Cléopâtre, une chanteuse dont la voix recèle tant d'images et d'émotions qu'elle la touche à chaque écoute, au point de la faire pleurer. Quant à Parascève, elle a mis des années à devenir celle qu'elle voulait être, depuis qu’elle a croisé la photo de Barbara Cartland et découvert la rassurante et irréaliste beauté des romans à l'eau de rose, jusqu'à l'accession à son poste d’éditrice de romance. Comment le dire à la nuit est un roman étrange, au fil narratif ténu, où s'entrecroisent les destins de personnages marqués par une profonde mélancolie. Il est extrêmement difficile de parler de ce roman car l'histoire en elle-même est quasi inexistante, l'auteur se concentrant surtout sur ses personnages dont la souffrance les plonge dans un spleen où ils n'aspirent qu'à vivre hors du temps et presque "hors d'eux-mêmes". Seule cette souffrance commune les fait se rencontrer, en plus de quelques hasards de la vie (ou de la non vie ?). Les personnages sont complètement insaisissables à la fois dans leur tempérament, mais aussi dans leur volonté ou destinée. Cela m’a profondément gênée dans ma lecture où je n’ai eu de cesse d’essayer de rassembler les pièces du puzzle. L’histoire est décousue passant d’un personnage à un autre avec parfois des changements de temporalités sans qu’on ne parvienne à comprendre ce qui les relie avant au moins la moitié du roman. Il est difficile de s’accrocher à aux en raison de leur caractère éthéré et vaporeux. Les seuls véritablement authentiques sont Egmont et Léopold, les autres ne sont qu’une image qu’ils souhaitent donner à voir ou bien courent eux-mêmes après leur essence. Ainsi Rachel qui a toujours eu un gout prononcé pour le gothique et le morbide, veut afficher son refus de continuer à "être" à la suite d’un traumatisme et se compose une image fanée, intemporelle. Elle évite les autres et dans sa rencontre avec Cléopâtre, elle n’existe qu’en se soumettant à l’image qu’elle souhaite donner d’elle. Athalie et Adriel ont une mémoire inconstante, qui ne cesse de se déliter, tout comme Parascève qui subit des visions troublantes qui envahissent sa psyché. Le style est marqué d'une certaine poésie, préférant les juxtapositions de phrases, reflet de la pensée hachée des personnages dont l'esprit se détache peu à peu de la réalité. Habituellement, j'apprécie les écritures originales et marquées mais j'avoue être restée complètement insensible à la plume de Vincent Tassy. Celle-ci m'a encore plus perdue dans cette narration et m'a laissée complètement indifférente au sort des personnages. Je reconnais que certaines scènes sont marquées d'une grande beauté, à la manière d'une nature morte, avec un romantisme gothique évident, mais d'autres scènes m'ont semblé complètement improbables et m'ont définitivement sortie de ma lecture. |
Comment le dire à la nuit est un roman inclassable qui s'avère très loin des romans fantastiques que l'on peut lire habituellement. La plume, la narration et les personnages sont complètement atypiques avec le risque que cela comporte, comme pour moi, de ne pas réussir à entrer dans cette lecture. On retrouve pourtant des thèmes importants déjà évoqués dans Effroyable porcelaine, abordés avec toujours autant de délicatesse, autour de personnages qui souffrent de ne pouvoir vivre leurs amours, ainsi que sur la transidentité. |