D'ENCRE, DE VERRE ET D'ACIER T.1
Auteur : Gwendolyn Clare
Éditeur : Éditions Lumen
Nombre de Pages : 467
Date de Parution : 3 mai 2018
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
1891. Certaines personnes, les aliénés, sont douées de talents particuliers en alchimie, mécanique ou en scriptologie, leur permettant de façonner le monde. La scriptologie est une science très complexe qui permet de créer un monde de toute pièce rien qu'en l'écrivant dans un livre, selon des règles très codifiées. Tout est possible dans ces mondes dans lesquels on pénètre grâce à des portails, leurs limites ne tenant qu'au génie de son créateur. Elsa vit avec sa mère Jumi dans l'un de ces mondes, Veldana. Ce monde est extrêmement particulier puisque c'est le seul où son créateur a réussi à créer des êtres humains. Et c'est le seul à avoir obtenu son indépendance, la mère d'Elsa en étant la scriptologue gardienne. Elsa est aussi une scriptologue de talent mais n'a jamais vécu qu'à Veldana, baignée dans les préceptes autonomistes de sa mère. Quand celle-ci est enlevée avec le livre-monde de Veldana, Elsa n'hésite pourtant pas à suivre la piste de ses ravisseurs sur Terre. La jeune fille ne connait de ce lieu que ce que sa mère a bien voulu lui en dire mais trouve un refuge et un soutien en Italie, auprès de jeunes dotés comme elle d'un talent. La jeune fille découvre alors que la vie sur terre pour les aliénés est difficile, leur existence même étant source de haine ou de convoitise. Comme toujours, les Éditions Lumen signent une magnifique couverture qui ne peut que donner envie de découvrir ce roman, surtout si on nous propose un monde où l'on peut donner vie à des univers rien qu'en les écrivant. D'Encre, de verre et d'acier est un roman à la croisée de plusieurs genres à l'image des talents que possèdent les aliénés : un côté clairement steampunk avec toutes les créations mécaniques, un caractère plus ancien avec la magie des alchimistes et un aspect plus fantastique/fantaisy avec la scriptologie. Le tout sur fond historique de conflit d'unification de l'Italie. Ce mélange fait toute l'originalité de ce roman mais également sa complexité. Surtout que Gwendolyn Clare a fait le choix de nous plonger dès les premières pages dans l'action et seulement par la suite, nous donne les clés pour comprendre son univers. J'avoue qu'il m'a fallu un peu de temps pour appréhender pleinement cet univers dont les codes et le vocabulaire sont très spécifiques. Ce choix donne également un rythme assez particulier avec un début rapide suivi d'une partie plus lente où Elsa découvre la vie sur Terre et ses nouveaux camarades. Il faut attendre la fin du premier tiers pour que l'action redécolle. Ce temps est toutefois nécessaire pour que l'auteur puisse nous présenter les bases de son univers et surtout apporter de la crédibilité à l'évolution de ses personnages. Du côté des personnages justement, Elsa est une héroïne à laquelle on ne s'attache pas d'emblée mais qui s'apprivoise. C'est une jeune fille qui a grandi dans un monde très restreint, avec pour seuls préceptes les conseils de sa mère qui l'a toujours poussée à être exigeante et à ne faire confiance à personne, surtout pas aux hommes. Tout est nouveau sur Terre, notamment la notion de conflits autour des aliénés, et la confiance ne s'accorde pas facilement dans ces conditions. La jeune scriptologue est extrêmement brillante avec le côté abrupt qui peut aller de pair, d'autant qu'on lui a toujours appris à faire abstraction de ses sentiments. D'où ses réactions parfois maladroites et sa difficulté à se lier avec ses pairs, sachant que tous reconnaissent cacher des évènements de leur passé à leurs amis. Elsa va finalement trouver un soutien auprès de 3 autres aliénés comme elle. Si Porzia la scriptologue et Faraz l'alchimiste sont peu détaillés, Léo le génie de la mécanique est un personnage multi facettes, plein de blessures et de traumatismes, altérant sa confiance en lui et sa capacité à s'attacher. Le duo qu'il forme avec Elsa a su me convaincre et la romance naissante entre eux m'a fait sourire à plusieurs reprises car pour une fois, c'est la jeune fille qui est plus libérée que le jeune homme, avec un Leo qui se montre parfois un peu pudibond. D'encre, de verre et d'acier est un bon premier tome qui propose un univers très riche et donc assez complexe. Le cadre de l'histoire de l'Italie de la fin du 19ème siècle offre un contexte original et surprenant qui a renforcé mon attrait pour ce roman. Surtout que l'autrice prend la peine dans une post face d'expliquer ce qui relève du réel et de la fiction, ce qui me plait toujours. La science de la scriptologie permet de créer des univers assez surprenants et très riches qui offrent de belles perspectives. J'ai hâte de lire la suite ! |