Titre : Je ne meurs pas avec toi ce soir
Auteur : Gilly Segal & Kimberly Jones
Editeur : Editions Milan
Nombre de Pages : 232
Date de Parution : 24 juin 2020
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Lors de la présentation de Je ne meurs pas avec toi ce soir par les éditions Milan, les éditrices avaient vraiment su piquer ma curiosité quant à ce roman et au sujet dont il traite. J’adore quand un roman de fiction nous permet de réfléchir sur des situations on ne peut plus d’actualité et c’est donc avec de grands espoirs que j’ai entamé cette lecture. Lena et Campbell sont deux lycéennes, l’une blanche, l’autre noire, qui se connaissent à peine. Bien que toutes les deux dans le même lycée, elles n’ont rien en commun, la première étant populaire, la seconde préférant attirer le moins possible l’attention sur elle. Pourtant un soir, lors d’un match de football universitaire, une altercation sur fond de propos racistes et haineux va éclater entre deux joueurs. Rapidement, ce sont tous les supporters qui en viennent à s’affronter, débordant complètement les forces de l’ordre intervenue pour l’occasion. Cette bagarre est l’étincelle qui met le feu aux poudres, et c’est rapidement tout le quartier qui se retrouve à feu et à sang. Lena et Campbell sont piégées au cœur de cette foule en colère et vont devoir s’appuyer l’une sur l’autre pour sortir de cet enfer. Ce roman très court (moins de 300 pages), se déroule uniquement sur le temps de cette soirée. Il alterne les chapitres selon les points de vue de chaque jeune fille, procédé toujours intéressant pour nous immerger au plus près des pensées des personnages, mais aussi reflet de cette écriture à 4 mains. Lena est une jeune fille dynamique, solaire et brillante, c’est à la force de sa rage et de son ambition qu’elle espère s’en sortir. Campbell est, quant à elle, une jeune fille avec une histoire familiale qui l’a beaucoup fragilisée. Introvertie, elle veille à faire profil bas en toute situation afin d’éviter d’attirer l’attention sur elle. Chacune à une idée assez arrêtée de ce qu’est l’autre et cette soirée est d’abord l’occasion pour elles d’abattre les préjugés qu’elles se portent mutuellement, et d’ébranler ainsi nos convictions de lecteurs. Il est assez fou de penser que la situation puisse dégénérer à ce point en si peu de temps. Les deux jeunes filles doivent traverser des zones que l’on imagine plus facilement dans un pays en guerre civile. Si Campbell veut se mettre à l’abri le plus rapidement possible (et ça se comprend !!!), Lena veut absolument rejoindre son petit ami, jeune homme qu’elle idéalise alors qu’honnêtement, c’est un type égocentrique sur lequel on ne peut pas compter ! Pourtant, elle va s’acharner tout au long de cette soirée à le rejoindre, quitte à se mettre en danger, alors qu’elles sont suffisamment débrouillardes pour s’en sortir sans lui… Je n'ai pas compris ce choix (il faut dire que la féministe qui sommeille en moi a souvent grincé des dents devant certaines remarques), ce qui a contribué à me détacher peu à peu des personnages. Et puis je vous avoue que j'espérais un texte qui me bouleverse et me secoue, ce qui n'a pas été le cas. J'attendais notamment une réflexion plus aboutie sur le racisme comme il se vit à l'heure actuelle. Certes, chaque jeune fille a vu ses préjugés évoluer au cours de cette nuit mais cela ne va pas au-delà. Les manifestants en viennent à piller tous les magasins qu'ils trouvent sur leur route, profitant de l'anarchie pour alimenter leur trafic avec les objets qu'ils auront volés. Les autrices, à travers leurs personnages, évoquent clairement que cela va mettre en péril la survie de nombreux commerces et familles qui peinent déjà à survivre et les seules justifications qu'apportent leurs personnages à ces actes est que "la fin justifie les moyens". J'avoue ne pas comprendre l'intérêt d'une telle attitude et ne ressort pas éclairée par les explications apportées. Et malheureusement, tout le roman est à cette image. On évoque beaucoup le racisme ordinaire, on assiste à ce déferlement de haine et de colère le soir du match mais au-delà de ça, je n'ai pas trouvé de quoi alimenter ma réflexion sur ce sujet brulant, et j'en suis la première déçue. Je pense sincèrement être passée à côté de cette histoire et de ce que les autrices ont voulu transmettre, ce qui est bien dommage. |
... J'attendais plus ...
pour leur confiance