
Titre : La Maison de cendres
Auteur : Hope Cook
Editeur : Éditions Bayard
Nombre de Pages : 352
Date de Parution : 16 octobre 2019
La Maison de Cendres et sa couverture au charme désuet fleure bon les soirées d'automne brumeuse, blotti(e) sous un plaid. Pourtant, s'il est un roman dont il faut se méfier de la couverture faussement romantique, c'est bien de celui-ci, un récit sombre et oppressant qui vous fera frémir jusqu'à sa conclusion. 1894 - Le roman s'ouvre alors que Mila, 17 ans, et sa jeune sœur Wynn, débarquent au Canada où leur mère va se remarier avec Andrew Deemus, un homme riche et mystérieux, que sa mère compte d'ailleurs épouser pour sa richesse. Mila d'instinct n'aime pas cet homme qu'elle pressent comme dangereux et la découverte de sa demeure, Gravenhearts, la conforte dans ce sentiment. A l'image de son propriétaire, la maison est oppressante et semble se jouer de ses habitants en les égarant dans ses nombreux couloirs. Il est évident que la famille Deemus cache de sombres secrets mais personne ne semble prêt à les secourir elle et sa sœur. Mila en est persuadée, il ne lui reste que peu de temps pour trouver comment fuir loin de cette demeure si elle ne veut pas y perdre la vie. De nos jours - Curtis a 17 ans mais a l'impression d'avoir déjà une vie derrière lui, supportant seul depuis des années le poids d'un père qui a sombré dans la folie. Leur vie se fissure chaque jour un peu plus et le jeune homme colmate comme il peut, cachant leur déroute pour ne pas faire éclater les derniers vestiges de leur famille. Depuis 10 ans, Curtis a vu son père s'enfoncer peu à peu dans la folie, en proie à des colères paranoïaques démentielles. Il se souvient de comment la maladie mentale s'est installée insidieusement et il sait très bien que les voix qu'il entend sont certainement les signes avant-coureurs de sa propre folie. Héritage paternel dont il se serait bien passé, il espère toutefois pouvoir le cacher jusqu'à ses 18 ans, jusqu'à ce que sa sœur et lui ne puissent plus être séparés. Son esprit agité trouve un point d'ancrage quand il apprend qu'une immense demeure se dressait dans la forêt près de chez lui, jusqu'à ce qu'elle ne brule entièrement avec tous ses habitants. Quand il découvre la photographie de Mila, la belle-fille du propriétaire, cette demeure devient une véritable fascination et Curtis est farouchement décidé à découvrir ce qu'il est advenu de Mila avant qu'elle ne meure dans l'incendie de Gravenhearst, même si cela doit le précipiter un peu plus dans la maladie mentale. La Maison de cendres est un roman sombre à l'ambiance complètement envoutante. Même si le thème de la maison hantée est un classique, l'atmosphère créée est immersive, nous plongeant dans un sentiment à la fois de mélancolie et de drame imminent. Tous les indices sont laissés pour nous laisser anticiper et percevoir le danger que constitue cette maison, plaçant la maison elle-même au rang de personnage à part entière, personnage maléfique et impossible à cerner. On sait très peu de chose sur Mila et sur Curtis mais on est profondément touché par leur solitude et leur sentiment de se retrouver piégés dans une vie qu'ils ne souhaitent pas. Leur "rencontre" à travers le temps prend tout son sens à travers ce sentiment commun. Nos personnages sont en permanence sur le fil du rasoir et si nombre de romans jouent sur cette ambiguïté entre vraie folie et ouverture vers un espace fantastique, l'autrice tient tout le long du roman sur ce registre, avec une efficacité angoissante. La maladie mentale et ses différentes manifestations sont réalistes, sans occulter la tension permanente dans laquelle elles plongent Curtis et sa sœur, vivant dans la crainte incessante et usante de faire flamber les délires violents de leur père. C'est avec beaucoup d'empathie qu'on voit ce jeune se débattre entre une vie familiale angoissante où tout peut déraper et sa propre entrée dans la folie. L'écriture est efficace et maintient une tension tout le long du roman. L'autrice gère parfaitement bien les transitions entre les deux époques, passant de l'une à l'autre en suivant une chronologie sans que pour autant il n'y ait de redondance. |
Si on ne bascule jamais véritablement dans l'horreur, La Maison de cendres est un roman dont l'atmosphère très travaillée est complètement glaçante. L'aliénation sous toutes ses formes est au cœur de cette histoire et transmet une angoisse dont le lecteur se laisse imprégner à son tour. Vous vous souviendrez longtemps de Gravenhearst… |
... Très Bonne Lecture ...
pour leur confiance