LA MAISON DES OISEAUX
Auteur : Allan Stratton
Éditeur : Éditions Milan
Nombre de Pages : 352
Date de Parution : 29 mai 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Les Chiens, le précédent roman d’Allan Stratton publié également aux Éditions Milan, avait rencontré un joli succès en France. Cette fois, l’auteur nous revient non plus avec un thriller horrifique mais avec un roman contemporain jeunesse. Nous découvrons Zoé Bird, une adolescente solitaire qui n’a pas sa langue dans sa poche quand la situation l’exige. Elle vit auprès de ses parents qui mènent une existence assez stéréotypée, elle coiffeuse et lui agent d’assurance, dans un tout petit pavillon de banlieue qui leur sert également de local de travail. Très attachés aux quand dira-t-on et aux apparences, ils nous sont présentés au travers du regard de leur fille comme superficiels et reconnaissons-le, assez médiocres. Ils vivent dans l’ombre et l’attente de reconnaissance du couple de la tante de Zoé, gonflé d’importance par l’argent que leur apporte leur société. A leur contact, les parents de Zoé n’en apparaissent que plus ridicules et Zoé ne supportent plus de les voir si soumis. De son côté, Zoé est sans cesse comparée à sa cousine Madie, un ange de douceur si on écoute les adultes, en réalité une vraie peste qui lui mène la vie dure. Elle a beau expliquer à ses parents la véritable personnalité de sa cousine et comment elle s’arrange pour malmener Zoé, ceux-ci refusent d’ouvrir les yeux et la tension ne fait que croitre entre eux, rendant toute compréhension impossible. Le seul endroit où Zoé se sente écoutée est auprès de sa grand-mère Grace, dans La Maison des Oiseaux. Sa grand-mère a toujours été un personnage fantasque, capable de transformer le quotidien en merveilleux. Mais depuis quelques temps, ce trait de personnalité s’est accentué. Si les parents de Zoé mettent ça sur le compte de la maladie, Zoé refuse que sa grand-mère soit réduite à cette description et envoyée dans une maison de retraite, sa maison, ce nid familial, étant là où elle souhaite vivre jusqu’à sa mort. Alors quand ses parents passent à l’acte, Zoé, révoltée, ne voit qu’une solution : s’enfuir avec sa grand-mère à la recherche de son oncle Teddy, disparu depuis des années, le seul qu’elle espère capable de comprendre la situation et protéger sa grand-mère. La Maison aux oiseaux est un roman qui se dévore en quelques heures. La plume est dynamique et on se plonge très facilement dans le quotidien de cette famille à laquelle on s’attache malgré ses nombreux défauts. Pour ceux qui ont eu la chance d’avoir des grands-parents présents et bienveillants, la relation aimante de Zoé et de sa grand-mère ne peut que faire émerger nos propres souvenirs avec un brin de nostalgie. Ce roman est un road trip mais également un cheminement psychique, celui de Zoé qui va devoir accepter l’existence de troubles et la perte annoncée de sa grand-mère telle qu’elle la connaissait, mais également celui des parents de Zoé dans l’acceptation de leur fille, de ce qu’est leur famille et enfin de leur "rencontre" avec leurs défauts, leurs failles et leurs qualités. L’auteur nous dépeint sans complaisance le vécu des personnes atteintes d’une Maladie d’Alzheimer mais également de leurs proches, l’anxiété que génèrent les pertes de mémoire, l’épuisement et le stress que cela peut représenter pour les aidants. Zoé accueille tout ceci avec énormément de bienveillance et de sensibilité. Consciente de la fragilité de sa grand-mère, du ressenti qu’elle peut avoir des situations au travers du filtre de ses troubles cognitifs, elle parvient à l’accompagner avec douceur, maturité et bienveillance et on ne peut qu'applaudir un tel altruisme. Sous une apparence à priori légère, on découvre un roman sensible qui aborde des sujets difficiles : les maladies dégénératives et le souhait de rester digne jusqu’au bout, l’importance d’être authentique en se détachant du regard des autres, le harcèlement. Même si l’auteur emprunte quelques facilités dans les changements d’attitude du côté des parents, il n’occulte pas pour autant certains obstacles comme en témoigne l’épilogue très émouvant. |
La Maison des oiseaux est un roman au rythme entrainant qui parlera aux adolescents. Ce road trip est l'occasion de cheminer auprès de personnages imparfaits mais attachants, de suivre Zoé dans ce passage de l'enfance à l'âge adulte et aux pertes qui vont avec. Aux côtés d'une jeune fille tenace, prête à défendre ses idéaux, on assiste à sa volonté indéracinable de chérir malgré la maladie sa grand-mère et tout ce qu'elles ont vécu ensemble. Cette histoire simple nous fait traverser un maelstrom d'émotions avec en point de mire, un joli message sur l'acceptation de l'autre et le cheminement nécessaire pour accompagner le déclin cognitif en allant au-delà de ce que donne à voir la maladie. |
... Très Bonne Lecture ...
pour leur confiance