LA TÊTE SOUS L'EAU
Auteur : Olivier Adam
Éditeur : Éditions Robert Laffont
Nombre de Pages : 217
Date de Parution : 23 aout 2018
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Je ne connais Olivier Adam qu’à travers l’adaptation cinématographique de son roman « Je vais bien, ne t’en fais pas ». J’ai beaucoup vu passer La Tête sous l’eau sur les réseaux sociaux ces dernières semaines et j’ai eu envie de découvrir sa plume dans ce récit qui aborde un thème très dur, en espérant revivre des émotions similaires à celles éprouvées avec "Je vais bien, ne t’en fais pas". La quatrième de couverture nous en dit déjà beaucoup de cette histoire : Léa a disparu pendant des mois et Léa vient d’être retrouvée. Vivante. Que lui est-il arrivé durant tous ces mois ? Une reconstruction va-t-elle être possible pour cette jeune fille ainsi que pour sa famille ? C’est le frère de Léa qui nous narre cette histoire. De leur vie d’avant, de la disparition, de cette insoutenable attente et du retour de Léa. A la façon d’un journal de bord, il met en mots leur quotidien qui est devenu insipide, une parodie de la vie. Le style du narrateur est sans fioriture. A coup de phrases brèves, il met ses pensées et ressentis à plat avec cette faculté d’être à la fois impliqué tout en prenant de la distance face aux évènements. Tout comme dans "Je vais bien ne t’en fais pas", j’ai retrouvé dans La tête sous l’eau la délicatesse et la finesse psychologique de l’auteur qui m’avait déjà interpellée. Même s’il s’agit d’une enquête et que nous suivons les investigations autour du drame de Léa, le cœur du roman ne se trouve pas là. Cette disparition sert de prétexte pour que l’auteur nous plonge de nouveau dans les méandres d’une constellation familiale face à l’absence brutale de l’un de ses membres. Avec beaucoup de finesse et de sensibilité, son personnage narrateur nous dépeint les relations familiales qui se délitent, de ce vide immense et pour autant innommable. Dans ces tempéraments figés où chacun s’enferme pour tenir et où chacun continue à jouer un rôle pour faire tenir l’illusion de famille. Cette mascarade qui a commencé avec la disparition de Léa mais qui doit se poursuivre à son retour pour espérer qu’elle aille mieux. Cette famille avance dans les non-dits car mettre des mots seraient accepter l’inacceptable, synonyme d’un renoncement. Léa prend toute la place et l’a toujours prise. Avant c’était sa colère et sa révolte qui occupait le devant de la scène familiale, puis son absence et maintenant son retour. Elle occupe tellement de place que le frère de Léa n’est presque jamais nommé dans ce récit. Il est le frère de Léa et non Antoine. J’ai trouvé cet adolescent terriblement attachant. Introverti, il se retrouve à porter seul sur ses épaules cette famille qui se délitait déjà auparavant et pourtant, jamais il ne se plaint, jamais il ne renonce. Comme sa famille, il doit vivre avec cette double injonction d’à la fois devoir continuer à vivre tout en en étant incapable. Antoine découvre les premiers sentiments amoureux mais se reproche dans le même temps cet élan vital qui se pousse à construire alors que Léa n’est plus là. Toute forme de reconstruction est entachée par ce sentiment de culpabilité et d’abandon. L’auteur sait trouver les mots pour nous faire ressentir la violence psychique de cette disparition qui impacte la vie de toute la famille sans que rien ne semble pouvoir la stopper. Ce deuil impossible tant qu’on ne sait pas ce qui est arrivé à Léa. Ce poids des culpabilités de chacun qui empêchent d’avancer. Tout comme la surface de l’eau, tout est sans relief en apparence. La Tête sous l’eau n’est pas un récit au suspense haletant, pas de retournement de situation à chaque page. En revanche, sous la surface, c’est un maelström d’émotions, de pensées, de courants contraires qui animent les personnages, qui nous traversent et nous agitent à notre tour. Le lecteur retrouve des thèmes similaires à ceux de "Je vais bien, ne t’en fais pas" : l’amour fraternel, beaucoup plus puissant que l’amour parental. On retrouve également ce besoin et cette nécessité de se purifier dans la mer, d’en ressortir lessivé, broyé par les vagues mais nettoyé de toutes ses pensées néfastes. La Tête sous l’eau est un roman qui m’a beaucoup touchée et dont j’ai apprécié le mélange de violence et de finesse psychologique. Je vous avoue ne pas avoir été très sensible à la partie "enquête" de ce roman. En revanche, l’auteur m’a immergée avec talent au sein de cette famille, des sentiments que chacun éprouve. Olivier Adam, à travers le personnage magnifique du frère de Léa, nous entraine à sa suite dans ses émotions, sa douce mélancolie, dans ce maillage familiale si compliqué mais tellement humain… |
... Lecture Parfaite ...
Netgalley pour leur confiance.