Le Manoir de Combe Carey
Auteur : Jonathan Stroud
Éditeur : Éditions Albin Michel (Collection Wiz)
Nombre de Pages : 471
Date de Parution : 02 janvier 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
La saga Lockwood, parue pour la première fois en 2014, s’est refait une jeunesse avec une couverture plus creepy et un nouveau titre, Le Manoir de Combe Carey, nom du lieu où notre agence d’experts va intervenir. L’Angleterre est l’objet d’un étrange mal depuis plusieurs décennies, nommée avec subtilité "le Problème". Sans qu’on n’en connaisse les raisons, les âmes des défunts reviennent s’en prendre aux vivants sous forme de spectres, fantômes, ombres plus ou moins agressifs et dangereux. Un simple contact avec eux et c’est une mort douloureuse assurée. Si tout le monde peut sentir la présence des spectres, seuls les enfants et les adolescents peuvent les voir et donc les combattre efficacement. Différentes agences sont ainsi implantées dans tout le pays où des superviseurs adultes dirigent une armée d’enfants contre les dangers de la nuit. L’agence d’Anthony Lockwood fait figure d’exception car elle ne comporte que deux agents, Lockwood lui-même et Georges. Elle a surtout la particularité de s’être émancipée de la présence d’adultes, présence jugée superflue vu leur incapacité à percevoir les menaces. Georges, s’il n’est pas des plus habiles sur le terrain, est un expert pour réunir des informations relatives à leurs enquêtes, tandis que Lockwood a une vue très développée qui lui permet de déceler la moindre trace spectrale. Bien décidés à s’attaquer à des affaires plus complexes, ils sont à la recherche d’un nouveau partenaire aux capacités exceptionnelles. C’est ainsi que Lucy rejoint l’équipe, complétant les compétences du groupe grâce à une ouïe très développée et un sens tactile qui lui permet de capter les émotions résiduelles d’un défunt. C’est à travers ses yeux que nous découvrons le récit de leurs enquêtes qui va les mener vers des dangers insoupçonnés. Le Manoir de Combe Carey est typiquement le genre de roman dans lequel on se plonge très rapidement malgré une mythologie détaillée et très structurée. Aux côtés de nos personnages, on apprend à devenir expert dans le diagnostic du type de spectres auxquels on est confronté et découvrir comment on les maitrise. Plutôt que de nous assener des descriptions rébarbatives des différentes manifestations spectrales, l’auteur fait le choix de nous lancer dans une succession d’enquêtes qui nous permet de découvrir de manière dynamique de nombreux aspects du travail de chasseur de fantôme. Le tout est entrecoupé de souvenirs de Lucy, nous permettant de reconstituer peu à peu son parcours. L’auteur ne se perd toutefois pas dans ces différents méandres narratifs et trace une intrigue qui se tient du début à la fin. Ce qui fait la saveur de cette histoire est son ambiance sinistre et un poil effrayante (rassurez-vous, pas de quoi en faire des insomnies…😅). Les descriptions sont très soignées et nous immergent complètement dans l’angoisse de ces maisons hantées qui ne nous épargnent pas quelques découvertes macabres. L’autre point non négligeable, c’est la qualité des personnages. Lockwood est un jeune homme brillant, au sens de déduction affuté qui n’a rien à envier à Sherlock Holmes. Même s’il se montre un peu trop sûr de lui, il est impossible de résister à son énergie et son enthousiasme. Son acolyte Georges n’a clairement pas le physique de l’emploi mais fait un excellent enquêteur, prêt à plonger dans des montagnes d’archives pour dégoter l’information qui sera cruciale pour leurs missions. Ce duo fonctionne bien et l’arrivée de Lucy ne se fait pas sans quelques tensions, notamment avec Georges, qui n’apprécie pas beaucoup cette rivale. Cet antagonisme entre les deux associés est l’occasion de dialogues savoureux et drôlissimes qui ont le mérite de détendre l’atmosphère parfois pesante. |
Le Manoir de Combe Carey est un roman entrainant qui nous plonge dans une série d’enquêtes à l’ambiance très creepy. Le trio de chasseurs de fantômes forme une équipe que l’on suit avec beaucoup de plaisir, l’auteur maniant avec savoir-faire humour et moment de tension. Ce premier volet se clôt sans nous laisser frustré d’attendre la suite bien que curieux d’en découvrir plus et de retrouver ces personnages attachants. |