L'ANTI MAGICIEN T.1
Auteur : Sébastien De Castell
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Nombre de Pages : 464
Date de Parution : 26/04/2018
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Dans le peuple de Kelen coexistent deux clans : les Jan’Tep qui sont capables de manipuler les différentes magies et les Sha’Tep qui en sont dépourvues. Cette absence de don les contraint à entrer au service des Jan’Tep, malgré leur rang ou statut de naissance. Kelen est issu d’une lignée de mages extrêmement puissants. Son père est connu de tous et impressionne par la force de sa magie. Sa mère est l’une des guérisseuses les plus réputées de la ville et sa sœur Shella, l’une des élèves les plus talentueuses de son école à tout juste 13 ans. Si la magie est puissante dans leur maisonnée, Kellen fait figure de vilain petit canard malgré ses nombreux efforts pour attirer la magie à lui. Le jeune homme attend fébrilement que l’un des 6 tatouages qui ornent ses avant-bras s’anime, témoin de sa capacité à exploiter cette forme de magie. La plupart des apprentis n’en développe qu’une ou deux tandis que les futurs mages puissants sont capables de maitriser les 6. A presque 16 ans, le jeune homme n’a toujours pas réussi à animer la moindre bande et voit avec appréhension arriver le jour où il devra se soumettre aux quatre épreuves qui le condamneront à devenir un Sha’Tep en cas d’échec. Kellen voit le peu de magie dont il disposait s’affaiblir et est de plus en plus effrayé par la certitude grandissante que la magie se refusera toujours à lui. Pour couronner le tout, il doit en permanence dissimuler cette faiblesse et composer avec le sentiment d’échec permanent qui l’habite et la conscience de jeter l’opprobre sur sa famille. Pour autant, Kellen est plein de ressources et plutôt fier de la stratégie qu’il a imaginée pour remporter la première des 4 épreuves. Par son ingéniosité, il vient à bout de son adversaire mais sa victoire est de courte durée, sa propre sœur révélant la supercherie, persuadée que c’est par paresse qu’il n’utilise pas sa magie. Son adversaire ridiculisé est furieux et la situation devient périlleuse pour le jeune homme qui ne doit sa survie qu’à l’intervention d’une femme nomade de passage en ville, Furia Parfax. Furia est une Argosi, un peuple qui dessine des cartes de tarot des civilisations et des personnes qui vont influencer l’avenir de cette civilisation. Leur art est méconnu et suscite la méfiance voire la haine des autres peuples. Alors que tout se précipite autour de Kellen, Furia va prendre le jeune homme sous son aile. Cette femme ne s’en laisse pas compter bien que ne possédant aucune magie, ébranlant les convictions du jeune homme sur l’importance de la magie et sur l’avenir qui s’offre à lui s’il ose l’envisager… Le roman est découpé en quatre parties articulées autour des 4 épreuves, et malgré ses 460 pages, il se dévore à une vitesse folle. L’auteur laisse peu de temps mort, alternant entre les combats ou les questionnements de Kellen. Des évènements vont déstabiliser l’ordre de la cité et malgré lui, Kelen va se retrouver impliqué dans des intrigues qui le dépassent. Au milieu de cette intrigue fouillée, Sébastien de Castell nous propose un trio de personnages plus que convaincants. Kellen est un héros comme je les aime : posé, il utilise son sens de la déduction avec talent . A plusieurs reprises, sa vie est en jeu et c’est grâce à ses hypothèses et sa capacité à bluffer qu’il parvient à s’en tirer. Le lecteur le voit traverser "les épreuves" et perdre au fur et à mesure les œillères imposées par son éducation afin de devenir un Homme avec un grand H. Celle qui est moteur de ce changement, c’est Furia Perfax, cette femme mystérieuse qui ne semble avoir peur de rien. Elle a un don prodigieux pour s’attirer les ennuis et prend même plaisir à les chercher un peu beaucoup !😆 Elle ne s’en laisse pas compter dans cette société pleine de préjugées à la fois sur le rôle des femmes mais aussi des sans-magie. Le duo est complété par un partenaire imprévu, un chacureuil : imaginez une créature, mélange d’un chat sauvage et d’une chauve-souris avec un fichu caractère. La finesse n’est pas le fort de Rakki et la créature menace à tour de bras de se venger en dévorant les yeux ou les oreilles de celui qui l’a offensée. Ce personnage est drôle à souhait, essayant de filouter même dans les pires situations. Il pense en priorité à ses intérêts mais contribue lui aussi à faire grandir Kellen. (Et si vous avez du mal à vous représenter le chacureuil, pensez à Rocket des Gardiens de la galaxie. OK c’est un raton laveur mais les personnages sont très proches). Sébastien de Castell a le don de nous amener à nous impliquer émotionnellement avec ses personnages. J’ai ressenti de la colère et j’ai détesté certains personnages persuadés de la suprématie des Jan’Tep. J’ai adoré le personnage de Furia Parfax qui ne tremble devant personne et qui a une vision du monde pertinente. L’intrigue a su me surprendre à plusieurs reprises, l’auteur laissant peu d’indices pour anticiper la suite sans pour autant nous plonger dans des révélations tirées par les cheveux. Pour ceux qui aiment bien connaitre l’univers dans lequel évoluent les personnages, sachez que l’auteur est un peu avare en détails. Si ce sera un manque pour certains, pour ma part j’y ai vu une forme de parallèle avec la vision et la connaissance très limitées qu’à Kellen de son univers. Tout comme le jeune homme, le lecteur en apprend plus au fur et à mesure des rencontres et expériences et entraperçoit les contours de ce monde qui est bien plus vaste que la vision qu’il en a. Au final, L’anti-magicien n’est pas le roman auquel je m’attendais au même titre que Kellen est soumis à des épreuves qui ne sont pas celles qu’il avait imaginées. C’est un roman qui a su me surprendre : j’ai adoré ses personnages, son rythme et cette écriture efficace qui nous embarque immédiatement. La saga est prévue en 6 tomes, à raison de 2 volets par an. Le second tome est annoncé pour fin septembre et j’ai hâte de me jeter dessus... |