L'ASSASSIN DU MARAIS

Auteur : Catherine Cuenca
Éditeur : Éditions Scrineo
Nombre de Pages : 384
Date de Parution : 6 juin 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
L'Assassin du Marais est le dernier roman de Catherine Cuenca, une autrice qui a pour habitude d'écrire des séries ou des one-shots mêlant cadre historique solide et fiction. Le roman est présenté comme un polar féministe au cœur du 19ème siècle, de quoi éveiller la curiosité et l'envie d'en découvrir plus sur un sujet toujours d'actualité même un siècle plus tard. Avril 1849, la Seconde République fête sa première année. Les réformes sont en route et c’est la première fois qu'un suffrage universel va pouvoir se dérouler. Bien évidemment, ce suffrage universel est uniquement masculin puisque les femmes sont toujours privées de tout droit, y compris celui de choisir leurs représentants. La colère gronde chez les femmes qui ont été de toutes les dernières révolutions et dont la présence et l'engagement ont fait basculer l'histoire, alors même qu'on continue à les mépriser, passant de l'autorité du père à celle du mari sans qu'elles n'aient voix au chapitre. Quelques-unes de ces femmes s’organisent pour faire valoir leurs revendications en animant des réunions publiques ou bien font entendre leur voix au sein du journal féministe bien nommé L'Opinion des femmes. Jeanne Deroin est l'une de ces pionnières et va jusqu'à se présenter aux élections législatives de 1849, faisant hurler au scandale les hommes politiques de l'époque. Julie est vendeuse à la Grande mercerie, jeune provinciale fraichement débarquée à Paris pour fuir un mariage arrangé, elle est devenue l'une des protégées de ces femmes féministes. Léa est une jeune bourgeoise qui a défrayé la chronique en demandant le divorce de son mari, dont la réputation d'homme volage a fait le tour de la capitale, mais qui s'est vue retirer la garde de sa fille au terme du procès quand elle a été jugée mère indigne pour avoir trouvé du réconfort dans les bras d'un autre homme. Ces femmes et leurs combats font au mieux rire les hommes, objets des caricatures des journaux et de propos sexistes, au pire justifient les violences qu'on leur fait subir. Un meurtrier sévit ainsi dans les rues de Paris, s'attaquant à des femmes connues pour leur indépendance de pensée sans que cela n'émeuve beaucoup l'opinion publique. L'inspecteur Delage est chargé de l'enquête. Différent de ses collègues peu empressés à retrouver l'assassin de femmes qui, selon eux, ont provoqué leur mort par leur attitude, il est bien décidé à mettre sous les verrous ce meurtrier misogyne. Épaulé de Julie et Léa rencontrées au décours des investigations, Alexandre Delage se lance aux trousses de ce meurtrier dont la rage envers les femmes se fait de plus en plus ardente. On entre dans ce roman à travers le regard des différents protagonistes qui alternent au fil des chapitres, pausant chacun les pièces d'un puzzle dont le motif se dessine peu à peu. Le cadre historique est amené dans le même temps que l'intrigue avec beaucoup de fluidité. L'un ne se fait pas au détriment de l'autre et le lecteur découvre un pan de notre histoire assez méconnu tout en étant porté par le feu de l'enquête. Les cadavres s'accumulent et il s'agit d'une véritable course contre la montre pour éviter que d'autres femmes ne rejoignent le palmarès du tueur en série. L'ambiance de l'époque est très bien rendue et on ne décolère pas en découvrant les propos et les arguments des hommes politiques, des journalistes ou des hommes en général sur la place que devrait être celle des femmes. On réalise combien le combat a été difficile pour ces femmes qui ont semé des graines qui n'ont porté leurs fruits que 100 plus tard. Les personnages sont bien campés et on a plaisir à suivre leur trajectoire, découvrir comment un ancien tolar est devenu policier, la condition des femmes employées et de la fragilité de leur statut, comment une spirite peut se cacher derrière une épouse bourgeoise. Si l'aspect historique est la pierre angulaire de cette enquête, l'intrigue policière en est le cœur et celle-ci ménage son lot de suspense, l'identité du coupable ne se dévoilant qu'en toute fin de roman. L'autrice sait brouiller les pistes et nous conte une enquête pleine de rebondissements, qui ne démérite pas. |
L'Assassin du Marais est un roman dont l'écriture entrainante et fluide nous immerge dans les débuts des mouvements féministes, au cœur d'une époque de notre histoire peu connue, rarement rencontrée en littérature. L'intrigue policière est bien tournée, nous plongeant dans un suspense qui nous fait apprécier d'autant plus la découverte du contexte historique. L'équilibre est parfaitement réussi entre le polar et la peinture d'une époque, tant pour nous dépeindre des faits oubliés que nous immerger dans les pensées et les mœurs d'une société. ... Lecture Parfaite ... |
pour leur confiance