LE DIEU OISEAU

Auteur : Aurélie Wellenstein
Éditeur : Scrinéo
Nombre de Pages : 352
Date de Parution : 15 mars 2018
ISBN : 9782367405827
Mon Avis : (Garanti sans Spoilers)
Aurélie Wellenstein fait partie des auteurs de fantaisy/fantastique que je considère comme une valeur sure. Tous ses livres sont dans ma bibliothèque et même si j’ai encore beaucoup de ses titres à découvrir, c’est avec beaucoup de confiance que j’ai attaqué ce titre. Il faut noter au passage que la couverture d’Aurélien Police est magnifique et transmet déjà la noirceur de ce Dieu Oiseau. Et puis c’était l’occasion de faire encore une fois une lecture commune avec Maud (Des livres/une fille), donc pourquoi bouder son plaisir ? Faolan appartient au clan de la Horgne. Tous les 10 ans ont lieu les épreuves du Dieu Oiseau Mahoké qui déterminera quel champion, et quel clan sera intouchable durant les 10 prochaines années. La dernière fois, c’est le clan du Bras de fer qui a été choisi par le Dieu. Cette victoire a été célébrée autour d’un banquet où Faolan a vu sa mère et sa sœur violées puis tuées, son père dévoré. Depuis, il est l’esclave de Torok, le fils de l’orateur vénéré, le chef du Bras de fer. Depuis 10 ans, il est sa chose, son souffre-douleur. Mais dans quelques jours, tout va changer. C’est en homme libre qu’il pourra se présenter aux épreuves. Encore faut-il que Faolan survive jusque-là... Le jeune homme n’a d’autre choix que de remporter ces épreuves où sa liberté est en jeu, mais surtout sa vie. Car Torok a promis que s’il gagnait ces épreuves, c’est le cœur de Faolan qu’il dévorerait pour célébrer ce nouveau règne… Vous l’aurez compris en lisant le début de l’histoire, âme sensible s’abstenir ! Même si vous êtes habitués à des scènes violentes dans certains romans, Aurélie Wellenstein monte encore d’un degré, nous partageant les pratiques barbares de cette ile où le cannibalisme est une marque de puissance. Et cela est souvent fait de manière spectaculaire pour marquer les esprits, et il faut avoir le cœur bien accroché (dans tous les sens du terme) pour lire certaines scènes ultra réalistes. Pour autant, la violence du récit n’est pas gratuite. Au contraire, elle explique les réactions et les choix des différents personnages et va conditionner leur évolution. Torok et Faolan forment un couple tortionnaire/victime qui ne peut que marquer les esprits. Torok est un pervers authentique : il ne s’épanouit que dans la destruction et l’anéantissement d’autrui et a fait de Faolan sa chose de compagnie, l’objet de tous ses fantasmes bestiaux. Les tortures auxquelles il soumet Faolan sont d’une incroyable cruauté, tant sur le plan physique que psychique. Torok est excrément intelligent, perçoit très facilement ce qui anime Faolan et parvient à en jouer pour le faire souffrir. En même temps, le lecteur sent que Torok ressent une forme d’amour pour Faolan, pour l’objet sur lequel il peut assouvir toutes ses pulsions, pensée dérangeante pour le lecteur. La psychologie des personnages, et particulièrement celle de Faolan, est extrêmement bien travaillée et Aurélie Wellenstein brosse le tableau d’un homme plein de complexité, de failles, qui lutte contre les ombres de la folie. Le lecteur comprend rapidement qu’il n’y a pas de héros, juste l’histoire d’un homme qui tente de survivre face à un destin inéluctable. Le lecteur assiste au combat de Faolan contre ses propres démons et le voit se débattre avec la terrible complexité de retrouver la liberté quand il n’a jamais pu imaginer ce que cela pouvait être. S’il avait entretenu ce rêve, Torok s’en serait servi pour le briser encore plus. L’histoire de cette île et de cette quête décennale se dévoile petit à petit, et le lecteur oscille entre envie de savoir et la crainte de ce qu’il va lire. L’ile elle-même est hostile, mourante, renforçant ce sentiment d’oppression. Tout comme Faolan, il est difficile de conserver une lueur d’espoir. Les épreuves de sélection amènent leur lot d’actions qui n’est pas sans rappeler Hunger games et les pages défilent sans qu’on s’en rende compte. C’est également l’occasion de découvrir une autre ile, tellement différente de l’ile originaire de Torok et Faolan, de guetter les traces des anciens dieux. Faolan se retrouve à faire des choix difficiles, à devoir créer des alliances s’il veut survivre jusqu’au bout des épreuves. Oui, le Dieu Oiseau n’est pas une lecture pour tout le monde mais que ce roman est bon ! J’y ai retrouvé tout ce que j’aime : sous forme d’un huis-clos, un univers très bien construit, une ambiance extrêmement oppressante, des personnages marquants, des réactions et des choix des personnages auxquels je ne m’attendais pas, même s’ils sont des plus logiques a posteriori. En refermant ce livre, j’étais encore avec Faolan à réfléchir sur ses choix, sur sa capacité à se reconstruire individuellement après une vie faite de torture mais aussi sur l’avenir de ce peuple. L’autrice interroge la capacité de résilience collective et individuelle et offre un regard et une réponse sombres qui ne peuvent que nous interroger. |