Titre : Le Matin de Neverworld
Auteur : Marisha Pessl
Editeur : Editions Gallimard
Nombre de Pages : 316
Date de Parution : 22 août 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Le matin de Neverworld est un roman qui m’a interpellée dès sa sortie et qui a rapidement suscité des réactions très divergentes à sa lecture, avec des lecteurs qui ont adoré tandis que d'autres ont été complètement désarçonnés par ce récit. De quoi bien évidemment me rendre très curieuse… Il y a un an, Jim, le petit ami de Bee est mort dans d'étranges circonstances. Depuis, la jeune fille a reconstruit péniblement sa vie en se tenant loin de leur groupe d’amis de l’époque. A l’occasion des vacances d’été, Bee se dit qu’il est sans doute temps de renouer avec eux et d'enfin essayer de comprendre ce qu'il s’est produit un an plus tôt. La soirée de retrouvailles ne se déroule pas comme prévu et le groupe échappe de peu à un accident de voiture. Mais quelques heures plus tard, un homme vient frapper à leur porte pour les informer que la collision qu'ils pensaient avoir évitée, s'est en fait bien produite et qu’ils sont entre la vie et la mort, bloqués au Neverworld. Seul l’un d’eux cinq pourra survivre et pour décider de qui, ils devront voter chaque soir jusqu’à ce qu’il y ait unanimité, condamnés à revivre la même dernière journée tant qu'ils ne seront pas tombés d'accord. Le matin de Neverworld est un roman inclassable, mélange de roman fantastique, de roman d'investigation et de thriller. Si indéniablement il évoque Huis-clos de Jean Paul Sartre avec sa vision de l'enfer qui confronte l'individu à l'éternel regard jugeant de l'autre, et le film Un Jour sans fin dans son côté journée itérative jusqu'à la modification d'un évènement-clé, c’est toutefois un univers complètement inédit que développe Marina Pessl. Les débuts du roman ne sont pas très simples car l’autrice lance directement son action sans que l’on ait encore beaucoup d’informations sur Bee et ses amis. Les personnages se construisent donc peu à peu en cumulant les éléments épars que l'on glane sur eux. On en apprend ainsi tout au long du roman avec de nombreux flash-back qui éclairent certaines situations après coup. Le monde du Neverworld est tout aussi captivant qu’effrayant, lieu créé à partir de l’inconscient des 5 jeunes, avec des règles très étranges, mélange de règles tangibles usuelles mais aussi des règles plus fantasques de l'inconscient au sens freudien. La réinitialisation à chaque veillée de cette fameuse journée laisse libre court à toutes les idées, des plus surprenantes aux plus dangereuses, puisqu'aucun de leurs actes ne résistera à la veillée. La notion de temps telle que nous la connaissons n’y a plus cours et le reboot permanent de cette journée permet de rejouer des scènes indéfiniment jusqu’à ce qu'elles soient débloquées. La narration est donc déconcertante avec une telle idée de base mais complètement fascinante. L’ambiance de ce roman est sombre, lieu d’un grand nombre de non-dits et nos personnages, sous un joli vernis, ont un aspect tourmenté qui se dévoile peu à peu. Au nombre de 6 en comptant leur ami anciennement décédé, ils ont chacun une personnalité bien marquée, et leur union apparente ne tarde pas à se fissurer dans ce lieu étrange qu'est le Neverworld. Seule notre héroïne parait innocente, avec bien évidemment le doute pernicieux que là aussi, ce ne soit qu'une apparence. |
Le Matin de Neverworld a été une excellente lecture. J’ai trouvé l’ambiance de ce roman complètement déstabilisante mais hyper addictive et captivante. On n'imagine pas du tout vers quelle fin nous mène l’autrice, bousculant nos habitudes de lectures et donnant un caractère très fort à cet univers. |