Titre : Le Monstre chez moi
Auteur : Amy Giles
Editeur : Editions Nathan
Nombre de Pages : 389
Date de Parution : 02 juillet 2020
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Premier roman d’Amy Giles, Le monstre chez moi est un roman dont le titre et la quatrième de couverture donnent le ton, nous promettant un thriller au cœur des secrets de famille et des violences domestiques. Étrange façon de débuter une chronique, mais c’est un roman dont je vous dirai peu concernant l’intrigue car une grande partie de la tension narrative tient à ce jeu entre ce qui est dévoilé en public et ce qui se joue dans l’intimité et que nous découvrons peu à peu. L'autrice a fait le choix percutant d’ouvrir son roman sur l’annonce d’un drame : le crash d’un avion de tourisme et la tentative de suicide d’Hadley, la seule survivante de ce crash. De nombreuses questions nous taraudent pour savoir qui se trouvait dans cet avion, les circonstances du drame. Une grande partie de la puissance de ce roman tient à son format, très simple en apparence : le roman alterne entre deux temporalités narratives : les "avant" qui sont rapportés du point de vue d’Hadley, et les phases "maintenant" qui sont la retranscription d’entretiens utilisés comme pièces à conviction par l’enquêteur des transports aériens. Les circonstances du crash de l’avion ne sont pas révélées et ces changements de point de vue nous laissent en permanence nous demander ce qui a bien pu se dérouler au-delà du drame pour que cela justifie une telle enquête. L’écriture d’Amy Giles contribue à rendre ce roman parfaitement addictif : on s’attache très rapidement à Hadley et on redoute à la fois de découvrir les circonstances exactes du crash et son éventuelle implication. Le lecteur se retrouve rapidement confronté aux mêmes types de pensées qu’Hadley avec le sentiment qu’aucune issue n’est possible et que seuls des moyens extrêmes mettront un terme à cet enfer. Je vous préviens, ce roman va vous révolter, vous allez trembler pour les personnages et tourner les pages avec avidité pour connaitre le dénouement de ce drame annoncé. La construction des personnages est bien pensée et il y a un côté très réaliste des réactions de chacun. On partage l’attitude d’Hadley qui cache à tous ce qu’elle vit dans l’intimité de sa famille afin de se garder un espace où elle est peut être, en partie, ce qu'elle souhaite. On partage avec elle la terreur qui l’envahit à chaque retour chez elle, où chaque évènement qui sort de la routine est possiblement annonciateur d’un nouveau dérapage de son père. On éprouve des sentiments d’une grande ambivalence pour la mère d’Hadley, une femme détruite par l’homme qu’elle a épousé mais aussi une femme d’une grande lâcheté face à ce qui se joue chez elle. Ce roman aborde les violences domestiques sur fond de misogynie avec un œil très clinique, allant à contrecourant du schéma classique "milieu carentiel = maltraitance". Nous sommes dans une famille aisée dont l’assise sociale est établie et reconnue, Hadley est une élève brillante dans tous les domaines, rien qui ne prédispose a priori cette famille à ne pas être ce qu’elle prétend. Sachez que c'est un roman pas toujours facile à lire car il n’est pas simple d’être placé en situation de témoin impuissant face à ces situations de violence et cette emprise psychologique quotidienne. |
Le monstre chez moi est un thriller addictif qui ne laissera pas indifférent. Avec beaucoup de finesse, l'autrice revient en postface explorer certaines hypothèses avec le lecteur sur les attitudes ou réactions qu'auraient pu avoir son héroïne dans une démarche très pédagogique, permettant d'ouvrir des pistes pour les lecteurs qui auraient à traverser des situations similaires. |
...Très Bonne Lecture ...
pour leur confiance