L'EPOUVANTEUR T.14 - Thomas Ward l'Epouvanteur

Auteur : Joseph Delaney
Éditeur : Éditions Bayard
Nombre de Pages : 352
Date de Parution : 22 novembre 2017
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Après les 13 tomes de la saga l’Epouvanteur et sa conclusion, l’auteur nous permet de retrouver nos personnages dans une série de trois nouveaux épisodes. Si en France, elle est annotée comme étant le quatorzième volume, l’auteur a voulu en faire une saga à part. Le choix de la maison d’éditions est sans doute judicieux puisque découvrir l’Epouvanteur par ce tome serait difficile pour un lecteur, tant le nombre de références aux précédents volumes est important. Cette fois, c’est officiel, Tom Ward est devenu l’Epouvanteur du comté de Chipenden. Sa formation est loin d’être achevée mais la mort de son maître l’a obligé à prendre plus tôt que prévu ses fonctions. Depuis que le Malin est vaincu, la région est très calme et les interventions de Tom assez limitées. Le jeune homme se sent bien seul depuis la disparition de son Maître et la trahison d’Alice. Mais une nouvelle menace se profile sur l’ensemble du pays comme l’avait prédit Grimalkin. Les Kobalos, ces redoutables et mystérieuses créatures, rassemblent leurs armées et quelques créatures se sont déjà immiscées jusque dans le Comté. Tom pensait que son devoir serait d’assurer au mieux son rôle d’Epouvanteur en protégeant les villages autour de Chipenden mais se retrouve rapidement confronté à un nouveau dilemme l’obligeant à quitter le Comté s’il veut protéger ses habitants. Nous retrouvons les personnages chers à notre cœur, Tom bien sûr, mais également Grimalkin. L’auteur nous entraine à leurs côtés et si nous retrouvons le caractère de chacun, la fin de leur quête contre le Malin les a également changés. Tom apprend doucement à endosser le rôle d’Epouvanteur et non plus d’apprenti. Il doit lutter contre les aprioris liés à son âge, à la crainte qu’inspire sa profession. Il doit gagner la confiance et le respect des habitants du Comté tout en se demandant s’il doit rester dans la droite lignée de ce qui lui a enseigné son Maître. Ce tome est l’occasion de beaucoup de réflexions intéressantes sur le respect de la mémoire et des traditions mais également sur la capacité à tracer sa propre voie. Tom est d’autant plus bousculé qu’une jeune fille, Jenny, se présente à sa porte pour être son apprentie. Elle prétend être la septième fille d’une septième fille et posséder des talents qui lui permettront de lutter contre l’Obscur. Cette situation est inédite : les Epouvanteurs ont toujours été des hommes et Tom se retrouve encore plus immergé dans le dilemme de s’écarter de la voie que lui a enseignée Maitre Grégory. On retrouve des thèmes récurrents chez l’auteur et sa conviction que c’est la jeunesse qui permet de sortir des sentiers battus et provoquer des changements salutaires. L’auteur en profite pour aborder le statut peu enviable des femmes dans son univers. Si les sorcières sont libres de vivre sans mari, il n’en est pas de même pour les humaines qui se retrouvent à passer de l’autorité paternelle à celle de leur mari. Jenny veut échapper à ce destin et secoue les "traditions" et ces mœurs machistes. "Les Epouvanteurs avaient toujours été des hommes. Probablement parce que les hommes tiennent de tout temps les postes de pouvoir et de décision." Grimalkin reprend son rôle que l’on avait presque oublié : elle est une tueuse qui n’a qu’une seule autorité : la sienne. Si elle reste proche de Tom, elle est aussi gouvernée par ses propres motivations et le jeune Epouvanteur découvre que leur alliance n’est plus aussi solide que ce qu’elle était. La grande absente de cette histoire, c’est Alice. Tom s’est résolu à ce que son amie soit devenue une ennemie mais on ne peut s’empêcher d’espérer un retournement de situation. Son absence laisse l’occasion à Jenny de faire sa place et si certains traits de caractères sont communs avec ceux de la jeune sorcière, ses talents inédits éveillent notre curiosité. Les débuts d’apprentie de Jenny nous replongent dans ce que Tom avait vécu lui-même à ses débuts et on se sent nostalgique en redécouvrant certaines situations. Mais pas d’inquiétude, l’auteur a bien fait les choses et a su créer du nouveau avec de l’ancien. L’action est également présente et se conclut sur un final qui secoue le lecteur. Ce tome est une bonne transition entre la première saga et le début de cette nouvelle quête. La crainte légitime que l’on peut avoir de voir l’intrigue s’essouffler au bout de 14 tomes est bien vite étouffée. Au contraire, on est rassuré de voir que cette nouvelle trilogie nous promet encore de belles aventures auprès de Tom. |