LES PUISSANTS T.3
Auteur : Vic James
Éditeur : Éditions Nathan
Nombre de Pages : 512
Date de Parution : avril 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers mais attention c'est un tome 3!)
Les Puissants est une saga qui tient ses promesses depuis le début avec une dystopie qui a la différence de nombreuses autres, nous propose un monde loin d'être manichéen, entrainant notre esprit vers des réflexions sur le pouvoir et la nature humaine. De nouveau nos personnages principaux sont séparés et vont agir chacun à leur façon pour mettre fin au despotisme des Doués. Luke est auprès de Sylien Jardine, personnage toujours aussi difficile à cerner, porté par son besoin de découvrir les ressorts du don, non pas pour accéder au pouvoir mais comprendre les origines et les implications d'un tel pouvoir. Il reste toujours aussi amoral et bien que suprêmement intelligent, à la façon d'un enfant, ne comprend même pas en quoi ses actions peuvent être dévoyées. Peu préoccupé du sort des roturiers, la compagnie de Luke semble toutefois l'humaniser. Abi est sauvée par le second frère Jardine dont l'amour filiale pour sa fille batarde l'oblige à revoir ses convictions. Elle aussi est changée par tout ce qui leur arrive et la douce jeune fille pleine d'illusions à fait place à une jeune femme déterminée qui cherche la limite entre ce qui est acceptable et ne l'est pas afin de ne pas perdre son âme dans ce combat. Dans ce dernier tome, les luttes de pouvoirs et d'influence sont à leur apogée. Chacun a choisi son camp mais personne n'est à l'abri d'une trahison. Il est vraiment très difficile d'anticiper comment ce conflit va se résoudre et surtout à quel prix. L'autrice nous a déjà démontré qu'aucun de ses personnages n'étaient à l'abri d'un sort funeste et qu'aucune révolution ne peut se faire sans en payer le prix. Depuis les premières lignes, la lecture des Puissants provoque un sentiment de malaise insidieux dès qu'on est sensible à la réflexion sous-jacente à cette histoire. Le Don est une allégorie du pouvoir et de l'argent : on nait avec, on ne peut en être dépossédé et le don attire le don, renforçant cette puissance. Le pouvoir dénature n'importe quelle âme, nous interrogeant sur l'illusoire existence d'un dirigeant capable de ne pas en abuser. A travers ses personnages, Vic James modernise un débat philosophique qui animent les esprits depuis des siècles : l'homme est-il vertueux par nature ? Luke a rejoint la rébellion et est persuadé que les sans don feront toujours mieux que ce que les Doués imposent au peuple depuis des décennies. Face à lui, Lord Crovan punit ses prisonniers en scindant son groupe en deux, ceux qui auront le droit de se comporter comme des Égaux et ceux qui devront subir sans rien dire : son but est de révéler le monstre qui se tapit en chaque être humain, montrer que c'est l'impunité et la puissance qui annihilent notre sens moral et que don ou pas, c'est le sentiment d'impunité et d'être en capacité de faire ce que bon lui semble, même si c'est mal, qui motive chaque être humain. Chacun de ces personnages illustrent et renouvellent ce propos, emportant le lecteur à ses côtés, le faisant se demander si une issue meilleure est possible. |
Les Puissants est une excellente dystopie dont l'intensité ne fléchit pas de bout en bout. Les personnages sont complexes, profondément humains et imparfaits. Leurs comportements ne sont pas toujours justes ou irréprochables mais on s'attache malgré tout à eux, à leur destinée, et on les quitte à regret. Cette saga propose une réflexion originale qui exploite parfaitement le voile fictionnel pour mettre en perspective des situations politiques et économiques réelles. |