L'HOMME QUI VOULUT PEINDRE LA MER
Auteur : Tristan Koëgel
Editeur : Didier Jeunesse
Nombre de Pages : 256
Date de Parution : 6 juin 2018
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Ne vous fiez pas à cette couverture estivale qui semble vous promettre de douces histoires qui sentent bon le sable chaud et la mer… L'Homme qui voulut peindre la mer est un recueil de nouvelles sombres qui vous plongera dans des récits où le soleil méditerranéen sert de cadre à des récits fantastiques qui vous feront frissonner… Il faut savoir que je lis peu de recueil de nouvelles car je suis souvent déçue. Plus qu'écrire un roman, rédiger une nouvelle est extrêmement difficile car il s'agit de proposer un univers cohérent, des personnages détaillés et une intrigue qui se tiennent en une cinquantaine de pages. Et le tout en transmettant une émotion. Ici, le pari est largement tenu. Tristan Koëgel nous propose 7 nouvelles qui se déroulent de l'Antiquité jusqu'à nos jours, avec pour fil conducteur la Mer Méditerranée. Toutes les histoires prennent place dans des villes baignées par la Méditerranée même si la mer ne tient pas toujours le premier rôle de l'histoire. Ce roman m'a rappelé les recueils de contes régionaux que j'adorais lire étant enfant et avec lesquels j'aimais me faire peur. Le soleil méditerranéen baigne chaque nouvelle mais le sujet au final reste toujours très sombre et crée un malaise chez le lecteur. Les nouvelles traitent de sujets très variés avec un thème récurrent, le désir, l'envie qui peuvent conduire jusqu'à la folie… ou pire. Tristan Koëgel nous parle ainsi d'une femme qui séduit et apaise grâce à ses pâtisseries jusqu'à ce que les esprits s'échauffent et conduisent au drame, d'un scientifique grec qui fera tout pour prouver que la Terre est ronde, quitte à se confronter à des créatures sanguinaires, d'un pêcheur de corail rouge, cet or rouge qui rend fou… Chaque nouvelle est très différente l'une de l'autre et certaines m'ont fait penser à des films ou des livres lus auparavant (Le film Le Chocolat, La Métamorphose de Frantz Kafka, Les Histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe). Les récits évoquent la transformation des corps, de cette frontière ténue entre l'homme et l'animal. Ces thèmes de transformation réveillent nos angoisses psychotiques et le désir aliénant donne cette noirceur au récit. Comme je le disais en introduction, l'auteur m'a complètement convaincue avec sa maîtrise du rythme de la nouvelle. Les 7 nouvelles sont de qualités égales même si certaines nous touchent plus en fonction des sujets traités. Il est très facile de se plonger dans chaque histoire, le décor étant toujours très bien planté, avec des descriptions immersives. La tension est omniprésente, le lecteur sent au fil des pages le drame se profiler et voit les destins se jouer en quelques lignes. Il est difficile d'en dire plus car je pense qu'il faut se plonger dans ce recueil sans trop en savoir sur les histoires ou les personnages. Sachez juste que chaque nouvelle sent bon la mer et le soleil mais derrière le décor de carte postale, se cache toujours un aspect fantastique sombre qui ne vous laissera pas indifférent. |