L'OMBRE DE L'ANKOU
Auteur : Jean Vigne
Éditeur : Éditions du Chat noir
Nombre de Pages : 128
Date de Publication : 4 avril 2018
Mon Avis : (Garanti sans spoiler)
Si vous avez lu ma chronique sur Les Orphelins du sommeil, vous devez déjà savoir l’amour que je porte à la collection Chatons Hantés des Éditions du chat noir. L’Ombre de l’Ankou est le 4ème titre de la collection et comme avec les trois précédents, j’ai été séduite par l’histoire. Il faut dire que je partais avec de très bons a priori entre le plaisir de lecture des 3 premiers ouvrages et le fait que celui-ci soit écrit par Jean Vigne. De l’auteur, j’ai beaucoup apprécié la trilogie Néachronical, Holomorphose T1 m’attend dans ma bibliothèque et c’est donc avec beaucoup de confiance que j’ai débuté ma lecture.
Nous suivons Lotie qui se voit obligée de déménager sur la côte bretonne, dans la maison familiale de sa mère, alors qu’elle est parisienne pure souche. Du haut de ses 11 ans, c’est déjà une citadine convaincue et c’est donc d’un mauvais œil qu’elle envisage ce déménagement qui est d’autant plus redoutable qu’il signe l’entrée dans un collège inconnu, loin de ses amis. Toutefois, Lotie n’a pas beaucoup le choix car ce déménagement est motivé par la maladie de sa mère et le besoin qu’elle soit au calme pour espérer guérir. Le manoir où a grandi sa mère est une immense demeure isolée, chargée d’histoire, perchée au bord d’une falaise. C’est dans ce décor très isolé, terreau de beaucoup de légendes, que Lotie va découvrir qu’une créature armée d’une faux débarque chaque nuit dans la crique voisine, semblant l’attendre… Un train peut en cacher un autre est une expression qui colle parfaitement à cette collection où une histoire en cache bien souvent une autre. Comme à chaque fois, le contexte fantastique n’est que la première couche qui dissimule d’autres thèmes actuels particulièrement touchants. Au-delà de la rencontre avec l’Ankou, l’histoire est surtout celle de secrets familiaux, du deuil et des regrets que l’on peut porter et du pardon. L’ombre de l’Ankou est également un roman d’apprentissage, celui de Lotie qui, d’enfant en colère face à la perte de ses repères découvre que l’existence est plus riche et complexe que ce qu’elle ne percevait jusqu’à présent. Dans les premières pages du roman, Lotie ne se présente pas sous un angle des plus sympathiques : elle est en colère du choix de ses parents et reste très centrée sur ses pertes. Mais comme avec l’héroïne de Néachronical, le lecteur comprend rapidement que Lotie masque ce qui l’inquiète derrière beaucoup de sarcasmes, voire un peu d’insolence. Il faut un peu de temps pour s’attacher à cette jeune fille, une fois que l'on a compris que ces récriminations incessantes sont un moyen de tenir à distance l’état de santé de sa mère qui est préoccupant. De tous les tomes de la collection, L’Ombre de l’Ankou n’est pas forcément le plus angoissant. En revanche, l’ambiance créée est particulièrement touchante et extrêmement immersive. Cette histoire semble intemporelle et l’atmosphère dégage beaucoup de nostalgie et de tristesse. Il s’agit d’un huis-clos, tout se jouant sur cette falaise bretonne qui semble suspendue hors du temps. Le roman se dévore rapidement et je n’aurais pas été contre quelques pages de plus (oui je suis gourmande, mais quand on aime, on ne compte pas !). J’ai lu une interview de l’auteur qui expliquait son choix de faire une histoire courte mais percutante pour correspondre à la tranche d’âges visée par cette collection (à partir de 11 ans) et l’objectif est parfaitement atteint. Comme vous l’aurez compris, encore une fois, j’ai été comblée par ma lecture du dernier titre de la collection Chatons Hantés. Plus que des romans horrifiques, ce sont des romans à l’ambiance extrêmement bien travaillée (ce qui est un sacré challenge en moins de 150p) et qui ont l’art de toucher à chaque fois. Pour ne pas déroger à la règle, je reste admirative des illustrations de Mina M. et du travail éditorial très soigné . Je n’ai qu’une question en terminant ma lecture : A quand le suivant ? |