NORMAN N'A PAS DE SUPER POUVOIR
Auteur : Kamel Benaouda
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Nombre de Pages : 322
Date de Parution : 29 novembre 2018
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Jusqu'à l'achat de ce roman, je ne m'étais jamais demandé si les prix littéraires influençaient le choix de mes lectures. Quand j'ai découvert Norman n'a pas de super pouvoir, le nouveau lauréat du Concours du Premier roman jeunesse, j'ai bien dû admettre que si ! Avec La Passe-Miroir et Les Mystères de Larispem comme augustes prédécesseurs, il ne m'a pas fallu bien longtemps pour craquer sur le roman du lauréat 2018. Et si j'avais encore des doutes, l'auteur rencontré aux SLPJ s'est montré adorable et Lucie Pierrat-Pajot, sa voisine de dédicace, m'a vanté les qualités de ce roman. Dur de résister dans ces conditions ! Si la remise d'un prix a donc influencé mon achat, je dois aussi reconnaitre que cela rajoute des enjeux à cette lecture en me faisant me demander ce qui a fait craquer le jury et l'a fait se distinguer des 899 autres textes reçus. Sans le vouloir, j'ai mis pas mal d'attentes sur ce roman. La faute au prix ! 😆 Avant toutes choses, il faut savoir que des trois lauréats, Norman n'a pas de super-pouvoir est clairement le plus jeunesse des trois. Le thème du roman se distingue également des autres : si nous sommes dans de la fantaisy avec Christelle Dabos, dans de l'uchronie fantastique avec Lucie Pierrat-Pajot, Norman n'a pas de super pouvoir se place dans un univers contemporain fantastique. Autre différence non négligeable, il s'agit d'un one-shot ! Mais de quoi parle ce roman ? Si auparavant la norme était de n'avoir aucun pouvoir, depuis l'épidémie de fièvre bleue, toute l'humanité s'est mise à présenter un super pouvoir. Celui-ci se manifeste autour de 13 ans et une série de tests permet de découvrir le talent de ceux dont le don peine à émerger ou bien est si particulier qu'il faut des conditions très spécifiques pour qu'il éclose. Norman est de ceux-là. Comme une poignée d'élèves de 5ème, le garçon n'a développé aucun talent particulier. Si ses camarades ont hâte de voir ce que les tests vont révéler, Norman redoute ce moment car il a la conviction profonde qu'il ne possède aucun talent, ce qui ne s'est jamais vu de mémoire d'homme aux supers-pouvoirs. Il ne lui reste plus qu'une seule chose à faire s'il ne veut pas devenir un cobaye de laboratoire : tricher aux épreuves et espérer que les conséquences ne soient pas catastrophiques… Norman n'a pas de super pouvoir est un roman qui profite de l'aspect fantastique pour mettre en avant certaines valeurs qui nous touchent de manière universelle et particulièrement d'actualité à l'adolescence : s'adapter au monde et aux attentes des adultes tout en osant être soi, accepter de grandir sans toujours se conformer à ce qu'on attend de nous. Et puis surtout, pouvoir être soi, sachant qu'on est différent des autres. Car dans le monde de Norman, il vaut mieux "un pouvoir inutile, contraignant, ridicule, honteux, stupide, désagréable" plutôt que rien. Il est bien évident que l'auteur va pousser le lecteur à se questionner sur ce prix à payer pour être dans la norme et si au final, le jeu en vaut vraiment la chandelle. Norman est un garçon attachant qui comme tous, est tenté de prendre parfois les chemins les plus faciles. Il faut dire que ses parents, s'ils sont aimants, ne sont pas très à l'écoute du garçon. Seule sa grand-mère Zelda, ancienne héroïne de l'Académie des super-héros, qui passe dorénavant la moitié de sa vie en robe de chambre à grignoter des pizzas sur son canapé, comprend et soutient son petit-fils. Le garçon se sent donc bien seul pour affronter une situation aussi inédite. Heureusement, Norman est épaulé par une bande d'amis pour traverser cette aventure. Considérés comme la bande des bras cassés de la classe, ils sont d'une indéfectible loyauté avec leur ami et n'hésite pas à prendre de gros risques pour lui, se moquant des préjugés. "Les vrais amis, c'est un peu comme les élastiques. Lorsqu'ils sont solides, on peut tirer dessus, malgré les disputes et les désaccords, ils reprennent facilement leur forme initiale, intacts." Norman va au collège, doit affronter les regards de ses camarades, de ses professeurs. Il découvre les premiers émois amoureux, la crainte d'être rejeté. Tant de sujets qui ne peuvent que faire écho dans l'esprit du lecteur. Alors, verdict ? Il faut débuter ce roman sans le comparer aux deux autres lauréats qui s'adressent à un public plus âgé. Cet aspect en tête, j'ai passé un très bon moment de lecture avec Norman n'a pas de super-pouvoir. Ce roman porte de belles valeurs autour de l'acceptation de soi, du sentiment réel ou fictif d'être différent, du rôle central des amis à un moment où on est en quête de son identité et des valeurs qui feront l'adulte de demain. La dimension fantastique permet de prendre un peu de distance et d'entendre plus facilement les messages de l'auteur autour de ces thématiques rencontrées plus fréquemment dans des romans contemporains. Et puis il faut avouer que l'humour et la plume dynamique de Kamel Benaouda rendent ce moment de lecture encore plus plaisant. En somme, une jolie découverte… |