
Titre : Pour qui meurt Guernica ?
Auteur : Sophie Doudet
Editeur : Editions Scrineo
Nombre de Pages : 212
Date de Parution : 23 août 2018
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Il est parfois fastidieux de s’atteler à la lecture de roman historique quand on veut en apprendre plus sur des évènements et je trouve qu’il n’y a rien de mieux que de découvrir l’Histoire (avec un grand H) en se glissant dans les pas de personnages fictifs. L’émotion qu’ils nous font vivre donne un tout autre relief aux évènements qui sont décrits et redonne aux faits la force émotionnelle que le temps a parfois émoussé. Si le nom de Guernica m'est familier en raison entre autres du tableau de Picasso qui porte ce nom, je vous avoue avoir débuté ce roman sans savoir à quoi m'attendre sur le destin de cette petite ville de la côte espagnole. Janvier 1937, Maria est envoyée par ses parents, des républicains engagés, à Guernica afin de fuir la guerre civile et la répression engagée par les troupes du Général Franco. Ce déracinement est difficile à vivre pour la jeune fille pour qui la vie calme de la campagne et parfois rétrograde est un poids. Heureusement, Tonio, le fils de la famille qui l'accueille, s'avère un compagnon qui va l'aider à apaiser sa peine et sa colère. Jeune homme doux et intelligent, il apaise l'énergie brulante de Maria tout en se nourrissant de cette flamme qui le pousse à réexaminer d'un autre œil ce qu'il pensait immuable. Seulement la guerre, celle que l'on appellera plus tard la seconde guerre mondiale, vient frapper à leur porte en avril 1937, plongeant la petite ville dans l'horreur. Commence alors une longue quête pour Maria et Tonio afin que ce drame soit connu de tous. Comme vous l'aurez compris, ce roman se déroule en deux temps, avec "un avant" et "un après" le bombardement. Malgré la peur de la répression des franquistes, il réside à Guernica une certaine douceur de vivre et on découvre une Espagne en pleine transition, mêlant révolution culturelle, questionnement sur la place de la religion dans l'éducation ou la mutation de la place des femmes. La seconde partie évoque un monde qui a perdu ses couleurs sépia pour basculer dans une redoutable violence où le pire, au-delà du massacre, est la difficulté pour les survivants de faire connaitre leur calvaire. On (re)découvre combien pour dépasser un trauma, il est nécessaire que le sort des victimes soit connu et la place que l'art joue dans cette forme de reconnaissance. |
Pour qui meurt Guernica est un roman court qui nous plonge dans le destin tragique de cette petite ville de la côte espagnole. On y découvre à la fois une Espagne en pleine mutation sous l'élan du courant républicain mais aussi et surtout un des nombreux évènements qui a contribué à plonger l'Europe dans la guerre. En filigrane se dessine le rôle et la place de l'art pour garder une trace des évènements, mais surtout transmettre une émotion, au-delà des faits, afin que ces drames ne retombent pas dans l'oubli. |