Titre : Si tu meurs, n'oublie pas
Auteur : Ingrid Thobois
Editeur : Editions Bayard
Nombre de Pages : 144
Date de Parution : 13 novembre 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Si tu meurs, n'oublie pas est un roman qui titille la curiosité en évoquant un récit qui traite à la fois du deuil du point de vue d'un adolescent tout en mêlant une pointe de fantastique. Nous entrons dans ce roman à travers le regard d'Alexandre dont le cousin Yann est décédé il y maintenant un mois. Yann, qui était au volant, a perdu le contrôle de sa voiture, le tuant sur le coup, tandis que son cousin assis à ses côtés, a survécu. Cela fait plusieurs semaines qu'Alexandre est en pleine dépression, incapable de reprendre pied après la mort de ce cousin qui incarnait tout pour lui, à la façon du frère qu'il n'a jamais eu. Alors quand le fantôme de Yann vient l'accabler de reproches en pleine nuit, Alexandre est persuadé de basculer dans la folie. Mais il sait également que celui-ci ne le laissera pas en paix tant qu'il n'aura pas levé le voile sur qui était réellement Yann, au-delà de l'élève parfait, passionné par le Japon. Ce court roman est une plongée réaliste dans le deuil, la difficulté de survivre à l'autre et s'autoriser à vivre. Alexandre n'est pas seul à traverser cette épreuve, ses parents, sa tante Lisette, la mère de Yann, sont bien évidemment dévastés eux aussi, mais Alexandre a le sentiment que les émotions et les pensées qui le traversent ne sont pas dicibles et partageables même avec ses proches. Alexandre a toujours idolâtré son cousin, jeune homme brillant et solaire, qui occupait une place centrale dans sa vie malgré la distance géographique. La tristesse de l'avoir perdu est évidemment au premier plan mais également la culpabilité d'avoir survécu, le sentiment de ne pas avoir été suffisamment là pour l'autre du temps de son vivant. Et en arrière-plan, la colère inavouable, les reproches qu'on a honte même de penser. Les débuts du roman nous immergent dans ce maelstrom émotionnel et Ingrid Thobois sait trouver les mots pour que cela fasse écho dans le cœur du lecteur. Mais la survenue du "fantôme" de Yann va obliger Alexandre à débusquer les failles qui se terrent derrière l'image lisse et parfaite. Cette quête se fait avec beaucoup de culpabilité, le sentiment d'égratigner le souvenir d'un être cher sans qu'il ne puisse jamais se défendre. C'est accepter de dépasser l'image idolâtrée que son regard d'enfant puis d'adolescent a tissé au fil des années, avant que la mort ne vienne tout figer. A la fois roman introspectif mais aussi roman d'apprentissage, Si tu meurs, n'oublie pas est un roman qui traite du moment où l'on entre de plein pied dans le monde adulte, sans retour possible vers la douce ignorance de l'enfance. Histoire de résilience, il évoque la capacité à renaitre après un traumatisme, ce moment où redonner du "sens" (si tant est que cela soit possible) à la mort permet de reprendre pied dans la vie. Je me suis complètement laissée embarquer par cette histoire, par les émotions à vif d'Alexandre, celle de sa tante Lisette, et j'ai aimé cette façon de parler du deuil. Seulement, la fin du roman arrive de manière bien trop précipitée. Alors que l'autrice réalise un vrai travail pour nous plonger dans la psyché des personnages, la fin du roman, bien qu'expliquant nombre de faits, semble dépourvue des émotions à fleur de peau des premières pages, ce qui est bien dommage… |
Si tu meurs, n'oublie pas est un court roman qui traite avec sensibilité du deuil adolescent, des pensées multiples et contradictoires qui accompagnent ceux qui ont survécu et de cette difficulté à continuer à vivre. Il est juste dommage que la fin soit amenée de manière aussi rapide, faisant un peu perdre de vue les émotions suscitées par les premières pages. |
... Une fin perfectible ...
pour leur confiance