
Titre : The Kingdom
Auteur : Jess Rothenberg
Editeur : Editions Casterman
Nombre de Pages : 399
Date de Parution : 04 mars 2020
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Dans un futur relativement proche, un formidable lieu d'attraction a vu le jour, un parc unique qui mêle technologie et beauté, un parc dédié à la joie, à l'émerveillement, où ses univers lient contes et retour à la nature pour réveiller notre âme d'enfant et notre envie de croire à la magie. Ce lieu incroyable est le Kingdom, un gigantesque parc d'attractions futuriste. Ana est une Fantasiste, une intelligence artificielle hybride qui ressemble de façon extrêmement réaliste à une femme humaine. Elle et ses 6 "sœurs" incarnent les princesses de ce royaume. Elles n’existent que pour en parfaire le décor : elles sont belles, programmées pour être aimables, gentilles et faire en sorte de répondre aux désirs des visiteurs afin de rendre leur séjour aussi inoubliable que magique. Elles sont l'un des éléments majeurs de cette utopie qui distrait les visiteurs du monde réel. Nous découvrons Ana au cours du procès pour le meurtre d'un employé du parc pour lequel elle est accusée. Les enjeux de ce procès sont lourds de conséquences car, au-delà de savoir si Ana est véritablement coupable, il s'agit aussi de déterminer si une Intelligence Artificielle, qui ne peut que se comporter qu’en fonction du programme dont on l’a dotée, a une volonté propre et donc a pu délibérément commettre ce meurtre, ou bien s’il est le résultat d’un dysfonctionnement de son programme. The Kingdom utilise deux lignes de temps pour nous narrer cette histoire et accroitre la sensation de mystère. Nous alternons les flashbacks 15 mois avant le procès où nous sommes plongés au cœur des pensées d'Ana, et les scènes dans le présent où nous sont présentées les pièces du procès : retranscription d’interrogatoires, séquence de vidéo surveillance… Comme dans toute bonne dystopie, on nous présente un univers qui dans un premier temps fait rêver. Face à une nature toujours aussi menacée, le parc apparait comme un moyen de fuir cette triste réalité, un lieu paradisiaque où l'on peut aussi bien faire une ballade sur une montagne enneigée qu'assister à un spectacle de sirènes au milieu d’animaux disparus. C’est un lieu où l’on est parvenu à faire renaître des espèces éteintes voire à en créer : des chevaux ailés, des licornes... animaux hybrides qui font rêver mais qui n’ont de valeur que tant qu’ils contribuent au divertissement... La partie enquête est bien évidemment l'un des éléments qui nous tient le plus en haleine car l’on est bien en peine d’anticiper comment on a pu arriver à ce meurtre au vu de la vie que mènent les princesses, journées très mécaniques où la moindre entorse comportementale est traquée. De par sa nature, Ana est un personnage naïf, avec une compréhension de ce qui l'entoure parfois proche de celle d'un enfant. A travers ses pensées face aux situations qu'elle traverse, on ne tarde pas à ouvrir les yeux sur la noirceur qui se cache derrière les paillettes. Ana est programmée pour accepter le cadre qu'on lui impose mais, en tant que lecteur, on est vite révolté de la façon dont ces princesses sont traitées, manipulées et comment l'homme peut abuser de cette innocence. L'autrice joue avec nos émotions pour mieux nous questionner sur l'ambiguïté de la nature de ces hybrides et explorer ce qui définit l’humanité, brouillant volontiers les cartes afin de nous pousser à la réflexion. |
The Kingdom, véritable pageturner, mêle habilement dystopie et thriller. Même si l'on pressent quelques points de l'intrigue, le cadre de ce roman est des plus original avec une héroïne particulièrement touchante et un questionnement sur la frontière ténue entre programme et humanité qui ne peut que piquer la curiosité du lecteur. |
... Un Vrai Pageturner ...
pour leur confiance