Titre : Un Garçon c'est presque rien
Auteur : Lisa Balavoine
Editeur : Editions Rageot
Nombre de Pages : 256
Date de Parution : 26 août 2020
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
L'écriture en vers libres est un genre que j'affectionne particulièrement. A la façon d'un travail d'orfèvre, cette façon d'écrire redonne à la fois finesse et puissance aux mots. Je suis une fan inconditionnelle de Sarah Crossan, mais d'autres textes comme Long way down ou Signé poète X ont su tout autant me toucher. Bref ! Tout ça pour dire que je débutais ce roman avec de GROSSES attentes. Le roman s'ouvre sur une scène courte et percutante qui donne immédiatement une teinte dramatique au récit. Une jeune fille attend dans la chambre d'hôpital d'un service de traumatologie que la personne allongée devant elle, se réveille enfin. Qui est-elle ? Qui repose dans ce lit et pourquoi ? Mystère… Dans les mois qui précèdent cette scène, nous découvrons l'histoire de Roméo, 16 ans, jeune lycéen solitaire et taiseux, qui ne se reconnait pas dans le monde qui l'entoure. Il n'attend qu'une chose, le moment où sa vie débutera réellement, le moment où il sera loin de la vie sans amour et monotone de ses parents, loin de la bêtise crasse des garçons de son âge. En attendant, Roméo observe avec sensibilité le comportement des autres, avec le sentiment indéfectible qu'il est différent et ne parviendra jamais à trouver avec qui partager ce qu'il pense ou ressent. Une autre élève, Justine, semble tout aussi hors norme que lui, mais plutôt comme son anti thèse : jeune fille solaire, elle semble complètement détachée du conformisme adolescent. |
"Je voudrais juste ne plus entendre toutes ces injonctions, et ne pas avoir à jouer, ce rôle qu'on veut nous donner." |
L'autrice s'attaque à travers ce texte à des thématiques très actuelles, abordant notamment la question de l'identité genrée. Dans un monde où les codes identitaires et sociaux sont voués à être remaniés, il n'est pas facile de se construire, sans repères qui servent de pierre angulaire, tant pour les femmes qui doivent se détacher du modèle patriarcal, que des hommes qui doivent apprendre à être autres que des caricatures machistes. L'autrice se penche surtout sur la question de la masculinité et de ce que cela est censé incarner à notre époque. Roméo, jeune homme sensible et moderne, ne se retrouve pas dans les comportements sexistes de ses camarades. Même les parents de Romeo incarnent cet archétype sociétal du rôle de l'homme et de la femme, madame s'occupant de faire le repas pendant que monsieur se pose sur le canapé. Les pensées de l'autrice se font l'écho d'une société qui peine à bouger, même si certains de ses personnages se rendent compte combien ces codes les enferment et briment leurs désirs. Thème vraiment intéressant et qu'il est bon de trouver dans un roman à destination des adolescents, j'ai toutefois trouvé que ce sujet était traité avec un certain manichéisme ce qui fait perdre un peu de portée au message. Là où j'attendais plus, c'est également du côté du style de l'autrice. C'est évidemment très bien écrit mais j'attendais plus d'émotions (la faute aux auteurs que j'ai cités plus haut !!!). J'aime découvrir des phrases qui sonnent comme des punchlines, le sentiment qu'un seul mot bien choisi déborde d'émotions et de profondeur. Le rythme de ce récit est à cette image : bien géré mais pas celui auquel je m'attendais, avec un début assez lent et une fin trop rapide dans l'évolution de certaines situations, la survenue d'un évènement ne m'ayant d'ailleurs pas paru indispensable, le texte aurait conservé toute sa portée sans cela. |
Un garçon c'est presque rien aura été une lecture en demi-teinte (la faute sans doute à la comparaison avec d'autres auteurs). Si j'ai beaucoup aimé les thématiques abordées et que je suis persuadée que les pensées sensibles de Roméo, son questionnement sur ce qu'est censé être un homme à notre époque, trouveront écho chez des lecteurs adolescents (ou adultes !), je suis un peu triste de ne pas avoir ressenti les émotions auxquelles je m'attendais avec un texte en vers libres. |
... Plutôt Bonne Lecture ...
pour leur confiance