Auteur : Sophie Dabat
Editeur : Editions Hachette
Nombre de Pages : 396
Date de Parution : 22 mai 2019
Mon Avis : (Garanti sans spoilers)
Premier roman que je lis de l'autrice, Waste Experiment a attiré mon attention en proposant une intrigue avec comme toile de fond une réflexion sur la peine de mort. Dans un avenir très proche, plusieurs pays dans le monde sont revenus sur l'abrogation de la peine de mort (sans compter ceux qui l'ont toujours maintenue…). Un "compromis" (et les guillemets sont importants…) a poussé ces mêmes pays à proposer une alternative à cette condamnation en laissant aux condamnés le choix de commué leur peine en une obligation au don d'organes ou bien à être emprisonnés durant plusieurs années dans des Waste. Les Waste sont des zones interdites au public en raison d'une contamination biologique, chimique ou radioactive. Ces lieux au nom malheureusement tristement connu comme Tchernobyl, Fukushima ou Bhopal, ont été reconvertis en zone de confinement pour les condamnés à la peine de mort dans le monde. Après une explication plus que sommaire sur l'entretien qu'ils devront faire de ces lieux pour éviter une catastrophe, les prisonniers sont largués sans autre forme de procès, dorénavant privés de tout contact avec l'extérieur, sans surveillants, complètement livrés à eux-mêmes. Rosalie Queen a 15 ans quand, après des mois de harcèlement et de menaces, elle tue sa camarade de classe après une énième humiliation. Malgré son jeune âge et les circonstances de cet homicide, Rosalie est condamnée à mort et accepte l'emprisonnement dans un Waste. Elle est immédiatement envoyée à la frontière sino-russe à la centrale nucléaire d'Ake Kule. La jeune fille ne sait pas à quoi s'attendre, enfermée avec de dangereux criminels avant de découvrir que certains sont effectivement comme elle le redoutait, mais que d'autres se sont organisés en une communauté qui mise sur l'entraide pour survivre. Le lecteur suit ainsi durant des mois Rosalie et la vie des autres habitants du Waste, découvrant les motifs de condamnation de chacun, et si certains sont condamnés à juste titre, d'autres motifs font clairement hérisser le poil : de nombreuses injustices existent encore dans le monde et le chemin à parcourir demeure long… Dans ces conditions de vie dramatique, on assiste paradoxalement à la lente reconstruction de Rosalie, son acceptation progressive de ce qu'elle a commis, ses craintes de recommencer surtout quand sa vie ou celles de ceux qui sont devenus proches est en danger. Elle parvient à se délester de ce qu'elle était devenue après des mois de harcèlement pour se reconstruire selon des valeurs qui lui semblent plus fondamentales. Le rythme est assez lent puisque s'étalant sur plusieurs années, et pourtant on demeure dans un état de tension constant, sachant que tout peut arriver entre les contaminations, les arrivées de nouveaux condamnés, les ravitaillements aléatoires et les passages éclair de soldats à la gâchette facile. Évidemment, on se questionne sur la peine de mort et sa justesse car si certains condamnés sont de dangereux sociopathes, d'autres sont repentants. Notre "curseur personnel de justice" bouge en cours de lecture puisque certains personnages sont amenés à tuer de nouveau afin de protéger d'autres vies, nous obligeant à nous demander si le meurtre n'est pas légitime dans certaines situations… On se projette également dans leur situation et on s'interroge sur le besoin impérieux de vivre même dans un environnement aussi inhospitalier. Alors, oui, certains choix de l'autrice sont un peu faciles à certains moments mais, à côté de ça, elle n'épargne pas beaucoup ses personnages, se montrant réaliste dans l'horreur des conditions de vie. |
Waste Experiment est un roman dont la tension omniprésente nous maintient en haleine de bout en bout, alors même que le rythme du récit est assez lent puisque basé sur la survie quotidienne des personnages et leur évolution psychologique. Sans aucun aspect moralisateur, l'autrice nous invite à réfléchir sur la condamnation à la peine de mort dans le monde mais aussi sur le danger que constituent ces Waste, qui pour le coup, sont bien réels… |