PHOBOS T4

Auteur : Victor Dixen
Editeur : Robert Laffont (Collection R)
Mon Avis : (Spoils possibles des tomes précédents)
J’ai débuté ce tome avec beaucoup d’a priori, car si j’avais apprécié les tomes 1&2, j’avais été très déçue par le tome 3. J’avais trouvé ce 3ème volet trop centré sur la vie sur Terre et les enjeux politiques alors que je ne rêvais que de découvrir les mystères de Mars. J’ai donc attaqué ce livre avec pas mal de doutes mais restant curieuse de voir ce que l’auteur allait nous proposer, espérant secrètement qu’il fasse remonter mon avis sur l’ensemble de cette saga.
Ce dernier tome a lieu quelques mois après les évènements du T3 et s’attache à répondre à tout ce qui était resté en suspens. Nous suivons donc tous les pionniers de la première saison ainsi que partiellement ceux de la seconde. Chaque pionnier se voit le droit d’ouvrir une chaine youtube et s’en sert pour soutenir une cause chère à leur cœur. Comme toute la saga, cela donne l’occasion de réfléchir sur le rapport à l’image, des "rôles" et des dérives de ceux qui regardent et de ceux qui sont regardés. Cette fois, l’auteur soulève les travers des nouveaux médias (youtube…) : le pouvoir donnés aux abonnés à travers leurs commentaires, la suprématie de l’opinion des abonnés se plaçant même au-dessus des systèmes politiques et légaux, la facilité de laisser par écrit des mots négatifs qu’on ne se permettrait pas en face à face. De même, nous voyons également les effets pernicieux pour celui qui anime la chaine : le besoin voire l’exigence de transparence, la nécessité de se justifier en permanence de dévoiler ou pas des aspects de sa vie. Enfin, la facilité à filmer et dévoiler à tout le monde ce qui parfois devrait rester de l’ordre de l’intime. Concernant l’intrigue, Victor Dixen reprend un par un les différents éléments inexpliqués des tomes précédents, en profitant pour balayer un champ très (trop ?) large de sujets : les changements climatiques et les mouvements migratoires qui en découlent, les dérives sectaires, les maladies orphelines… Pour ma part, ce n’est pas quelque chose qui me dérange quand il reste des zones d’ombre dans une histoire. Au contraire, j’aime faire des liens, émettre des hypothèses. Donc ce besoin de tout solutionner n’était pas forcément un choix nécessaire pour moi et j’ai même trouvé que cela desservait l’intrigue : au lieu de donner du corps au livre, j’ai eu l’impression que l’histoire partait dans tous les sens, sans véritable fil conducteur et que tout était survolé alors qu’il aurait été nécessaire de s’attarder sur certains points. La lecture de ce livre m’a semblé longue et manquant de rythme : si au final, il se passe énormément de choses, tout est plombé par les nombreux discours des protagonistes. Comme tout une partie du roman est consacrée à des séquences vidéo, cela donne lieu à de longs monologues des pionniers, des discours adressés à leur public, demandant une forme oratoire peu naturelle, entravant l’émergence de toute émotion chez le lecteur. Enfin, j’ai été déçue par les tempéraments des personnages qui demeurent beaucoup trop manichéens, empêchant tout questionnement chez le lecteur. Si au départ le lecteur peut accepter la naïveté et l’idéalisme des pionniers, avec tout ce qu’ils ont vécu et avec quelques années de plus, j’attendais plus de complexités dans les caractères. Ce que j’aime dans un roman Young Adult, c’est ce moment où le personnage principal (et par conséquent le lecteur) bascule de cet idéalisme vers une position moins clivée, avec plus de nuances, gagnant en maturité. Et clairement je trouve que cela a manqué. D’ailleurs, ce manque d’ambivalence dans l’expression des sentiments m’a empêchée de croire à certains revirements de position des personnages. Au final, Phobos tome 4 aura été une lecture décevante. J’ai rarement cette impression en lisant un livre qui est "sensé" s’adresser à un public adolescent, mais ici, j’ai très souvent eu le sentiment que je n’appartenais pas à la cible de lecteurs visée. Et même en me disant cela, je reste triste que l’auteur n’ait pas voulu impulser cette réflexion chez les adolescents qui liront ce roman, d’autant qu’ils sont en première lignes pour vivre et/ou subir les dérives des réseaux sociaux et se questionner sur leur rapport à l’image et aux médias… Pour conclure, si vous avez adoré les 3 premiers tomes ou si vous recherchez une lecture avec des codes très simples, vous retrouverez avec plaisir Léo et ses camarades. Si comme moi, vous recherchez une intrigue complexe et des personnages matures qui nous poussent à réfléchir, je pense que ce livre n’est pas pour vous… |